Relativisme et valeurs

Publié le par lenuki

« Le relativisme sape l’idée de valeurs communes et d’universel » 
        
 La démocratie semble menacée par un relativisme qui, selon le politologue Jacqus Rollet, pourrait en ébranler les fondements 

La Tentation rela­tiviste
, titre de votre dernier livre (1), induit d’entrée de jeu le fait que le relativisme soit un danger… 
JACQUES ROLLET:
Le re­lativisme met en cause la stabilité d’une société démo­cratique, minimise la place des religions et notamment du christianisme parce qu’il rend inopérant ce que celui­ci peut avoir à dire, et ébranle les grandes références de la formation de l’Occident.
Vous affirmez donc que le relativisme pourrait mettre à mal la démocratie. Pourquoi ?

La démocratie est un régime fragile, le meilleur, pourtant, de ceux que l’on peut actuel­lement recenser. On sait que pour qu’elle tienne, il lui faut des valeurs communes, même si elle est fondée sur l’« être ensemble» à partir des libertés de chacun. Or le relativisme sape l’idée de valeurs communes et d’uni­versel. Selon moi, la démo­cratie inclut un dépassement de la liberté individuelle et même de la souveraineté du peuple. Car au-dessus, il y a quelque chose de plus grand : les droits de l’homme. Et les droits de l’homme impliquent la dignité de l’homme.
Mais la démocratie ne sup­pose-t-elle pas aussi la tolérance ?

Il s’agit, avec la tolérance, de tolérer les personnes et leur li­berté, ce qui ne signifie pas que je doive être d’accord avec eux sur leurs idées. Le signe du res­pect que j’ai pour quelqu’un réside dans ma capacité à lui exprimer mon désaccord avec ses idées. La tolérance n’a rien à voir avec l’idée que «tout se vaut». Je démens le lien entre tolérance et relativisme car si la tolérance est fondée sur le relativisme, c’est l’indifférence.
D’où vient exactement cette ten­dance au relativisme que vous dénoncez ?

Tocqueville s’est demandé d’où venait, en effet, cette tyrannie pos­sible de l’opinion dans l’état social démocratique. Et il a démasqué la confusion suivante: puisque l’un est statutairement l’égal de tous les autres, chacun peut être amené à croire qu’alors, sa pensée vaut bien toutes celles des autres. C’est ainsi que le relativisme vient de l’état de l’opinion en démocratie. Je pense en outre que les sciences sociales ont joué, pour une part, un rôle négatif en France. Les socio­logues et les politologues se sont posés en analystes de la société en ne s’en tenant qu’à l’analyse des faits, sans prendre position, en érigeant comme seule valeur de leurs travaux la neutralité et en ne s’en tenant qu’aux faits, ce qui leur a permis de s’afficher comme scientifiques. Ce positivisme a inévitablement conduit au relati­ visme, les valeurs faisant l’objet d’un choix subjectif, et se révélant donc comme… sans valeur.
Vous en appelez tout au long du livre au
«sens commun» . Sur quelle réalité s’appuie ce fameux « sens commun », selon vous si nécessaire ?
Le sens commun est la capacité que j’ai de penser avec les autres et en pensant, de me mettre à la place des autres. Tout individu moyennement intelligent a cette capacité de juger de ce qui se passe autour de lui et Pas du tout, car il s’agit bien d’ar­ticuler la transcendance, qui peut être découverte par l’homme, avec la démocratie. Et quand je mets, par exemple, en valeur le rôle du chris­tianisme dans la démocratie, c’est parce qu’il a diffusé en Occident l’idée de loi naturelle. Il s’agit, par la discussion rationnelle, de montrer ce que le christianisme apporte au plan théorique, la manière dont il peut être utile à tous en respectant jusqu’au bout la transcendance de l’homme.
RECUEILLI PAR

LOUIS DE COURCY

« Si la tolérance est fondée sur le relativisme, c’est l’indifférence. »

Publié dans politique et morale

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