Qu'est-ce qu'une bonne copie du bac?

Publié le par lenuki

Chacun pourra remarquer qu'il ne s'agit pas, ci-dessus, de la meilleure façon de s'exprimer, ni dans la forme (fort discutable) ni dans le fond (un poète ne dit généralement "n'importe quoi" que pour ceux qui ne l'ont pas compris...!).

Aussi laisserai-je parler deux brefs articles de la revue: "Vous, nous, ils" qui exposent bien en quoi consistent:

+ une bonne copie de philo

+ une bonne copie dans quatre disciplines différentes

 

A. Bonne copie de philo:

Deux pro­fes­seurs de phi­lo­so­phie en ter­mi­nale répondent à notre question.

L'épreuve de phi­lo­so­phie est sou­vent redou­tée, sa nota­tion cri­ti­quée. De nom­breux lycéens la trouvent sub­jec­tive, injuste, arbi­traire... Bien qu'il n'existe pas de barème de nota­tion, contrai­re­ment aux autres dis­ci­plines du bac­ca­lau­réat, des cri­tères de nota­tion sont col­lé­gia­le­ment élabo­rés par les cor­rec­teurs, qui se retrouvent ensuite pour tra­vailler ensemble lors de réunions d'harmonisation.

Copies en mains, les pro­fes­seurs regardent en pre­mier la lisi­bi­lité de l'écriture, la lon­gueur et la struc­ture du devoir. Ce sont les tout pre­miers indi­ca­teurs de la qua­lité d'une copie. « L'introduction est capi­tale, elle per­met de voir si l'élève a com­pris le pro­blème qui lui était posé. Et, géné­ra­le­ment, de com­prendre la pro­fon­deur et la per­ti­nence de la réflexion que l'élève va ensuite déve­lop­per », explique Xavier Sabatier, pro­fes­seur de phi­lo­so­phie au lycée Le Corbusier à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Une bonne copie se recon­nait donc rapi­de­ment, dès les pre­mières lignes. Stéphane Clerjaud, pro­fes­seur de phi­lo­so­phie aux lycées Kléber et Cassin à Strasbourg (Bas-Rhin) tient à pon­dé­rer. « Mêmes si les pre­mières phrases de l'introduction sont sou­vent très ins­truc­tives sur la suite de la copie, les cor­rec­teurs se gardent de tirer des appré­cia­tions défi­ni­tives, explique –t'il. Une copie d'apparence brouillonne ou dont l'introduction est ratée, peut com­por­ter de très bonnes choses dans son déve­lop­pe­ment. À l'opposé, la bonne pré­sen­ta­tion n'est pas tou­jours un gage de per­ti­nence philosophique ».

Les bons et les mau­vais points

Une bonne copie cerne bien le sujet et pro­pose une réponse construite et argu­men­tée. « Le can­di­dat doit être capable d'utiliser des connais­sances phi­lo­so­phiques : expo­sés de doc­trines, cita­tions... sans les­quelles l'argumentation est pauvre », pré­cise Xavier Sabatier. Et Stéphane Clerjaud de com­plé­ter : « Les can­di­dats qui réus­sissent leur épreuve se servent de leur cours avec intel­li­gence pour trai­ter avec per­ti­nence le sujet. Une bonne copie n'est donc pas néces­sai­re­ment très longue. Elle est ani­mée d'un souci de clarté et ne recule pas devant les dif­fi­cul­tés posées par la ques­tion ou le texte ».

En revanche, cer­taines erreurs péna­lisent for­te­ment le can­di­dat. « Le hors sujet, l'absence ou la répé­ti­tion d'arguments, l'étalage de cli­chés, la mul­ti­pli­ca­tion inutile d'exemples sont rédhi­bi­toires dans une copie », sou­ligne le pro­fes­seur de Seine-Saint-Denis. Ce qui agace par­ti­cu­liè­re­ment son confrère alsa­cien c'est lorsque l'intitulé du sujet, le nom de l'auteur ou les pas­sages cités ne sont pas cor­rec­te­ment reco­piés. « Ce sont des erreurs faci­le­ment évitables, qui laissent pré­su­mer des fautes plus lourdes dans la suite. Dans le déve­lop­pe­ment, ce sont les grosses contra­dic­tions qui frappent. On est par­fois étonné que le can­di­dat puisse prê­ter une cer­taine idée à l'auteur, alors qu'une lec­ture plus atten­tive lui mon­tre­rait que l'auteur sou­tient le contraire ! ».

Quant aux petits plus qui font la dif­fé­rence et gagner des points, pour Xavier Sabatier, il s'agit de « réus­sir ses tran­si­tions entre les dif­fé­rentes par­ties du déve­lop­pe­ment ». Selon son confrère, Stéphane Clerjaud, « mon­trer de la curio­sité pour les pro­blèmes de notre monde contem­po­rain » peut faire la différence.

 

Diane Dussud

 

B. Une bonne copie dans d'autres disciplines

 

Ecrits du bac : qu'est-ce qu'une bonne copie ?

Les épreuves écrites du bac 2014 débu­te­ront lundi 16 juin. Quelles sont les attentes des cor­rec­teurs ? Quatre pro­fes­seurs de dis­ci­plines dif­fé­rentes donnent leur avis.

 « La qua­lité de l'expression prime »

Charlène Landry, pro­fes­seur de fran­çais au lycée Durzy à Villemandeur (Loiret)

« Des connais­sances solides, de la méthode et une expres­sion de qua­lité sont des éléments à retrou­ver dans une bonne copie. Les phrases doivent être claires et bien construites, le pro­pos cor­rec­te­ment déve­loppé et argu­menté. Les attentes sont légè­re­ment dif­fé­rentes d'un exer­cice à un autre. Dans le sujet d'invention, la qua­lité de l'expression prime. C'est un petit tra­vail d'écrivain qui est demandé. Pour rédi­ger une bonne dis­ser­ta­tion, l'élève doit avoir de solides connais­sances, indis­pen­sables pour appré­hen­der le sujet et construire une argu­men­ta­tion cohé­rente. Enfin, un com­men­taire com­posé doit lais­ser trans­pa­raitre une sen­si­bi­lité lit­té­raire. Les cor­rec­teurs sont bien­veillants, ils valo­risent les efforts et la bonne volonté du can­di­dat. L'utilisation des notions du cours, une réflexion bien construite, une copie soi­gnée... sont des petits plus. »

« Même en mathé­ma­tiques, la pré­sen­ta­tion compte »

Eric Barbazo, pro­fes­seur de mathé­ma­tiques au lycée Vaclav Havel à Bègles (Gironde)

« Pour les séries S, l'épreuve écrite de mathé­ma­tiques consiste à résoudre 3 à 5 exer­cices. Une bonne copie est une copie soi­gnée où les exer­cices sont cor­rec­te­ment menés, pré­sen­tés et expli­ci­tés. Même en mathé­ma­tiques, la pré­sen­ta­tion de la copie compte. Le cor­rec­teur doit faci­le­ment la déchif­frer : les résul­tats doivent être enca­drés, l'écriture lisible, les rayures et les couches de cor­rec­teur liquide absentes. L'élève doit uti­li­ser son brouillon afin de réa­li­ser les cal­culs dont il n'est pas cer­tain. La copie doit être propre. Enfin, le can­di­dat doit se conten­ter de résoudre les exer­cices. Il ne doit pas com­mu­ni­quer avec l'examinateur. Certains tentent d'expliquer des mécon­nais­sances ou leur inca­pa­cité à faire l'exercice. Ce sont des anno­ta­tions qui font perdre des points et que l'on ne retrouve jamais dans une bonne copie. »

Oraux du bac, qu'est-ce qu'un bon candidat ?

Quatre ensei­gnants ont répondu à nos ques­tions sur l'épreuve écrite, ils ont égale­ment répondu à nos ques­tions sur l'épreuve orale.

« En expres­sion écrite, ce qui est appré­cié c'est l'originalité »

Jean-Luc Breton, pro­fes­seur d'anglais au lycée Racine à Paris

« L'épreuve écrite d'anglais pour les séries L, ES et S s'articule autour d'un exer­cice de com­pré­hen­sion de textes et d'une expres­sion écrite. Les can­di­dats ne doivent pas avoir peur de se répé­ter lorsqu'ils répondent aux ques­tions de com­pré­hen­sion du texte. La répé­ti­tion des opi­nions déve­lop­pées dans les docu­ments per­met aux élèves de s'en impré­gner, puis de les creu­ser afin d'aller plus loin. En expres­sion écrite, ce qui est appré­cié c'est l'originalité. Cela montre que l'élève a réussi à prendre de la dis­tance avec le sujet, qu'il ne se contente pas de dire des bana­li­tés. Transparaît ainsi dans sa rédac­tion, une ouver­ture cultu­relle, un attrait pour l'actualité voire un sens de l'humour aiguisé. Ces copies sortent du lot ! Les bonnes copies sont relues avec atten­tion. Je suis tou­jours sur­pris de voir des élèves quit­ter la salle d'examen une heure avant la fin, sans même avoir pris le temps de se relire. »

« Une bonne copie est rigoureuse »

Antoine Tresgots, pro­fes­seur d'histoire géo­gra­phie au lycée Durzy à Villemandeur (Loiret)

« L'épreuve d'histoire-géographie, pour les séries géné­rales, se divise en deux par­ties. L'élève doit répondre à un sujet long : une com­po­si­tion ; et à un sujet court : une étude de docu­ments ou une car­to­gra­phie. Une com­po­si­tion est une réponse orga­ni­sée devant un pro­blème donné. Pour bien com­prendre la ques­tion et ses enjeux, il faut maî­tri­ser son cours. L'étude de docu­ments est un exer­cice assez dif­fi­cile. Pour le réus­sir, l'élève doit uti­li­ser les docu­ments pour mon­trer ses connais­sances. La car­to­gra­phie est un exer­cice pré­cis qui doit répondre à des règles : pré­sence d'une légende, uti­li­sa­tion des cou­leurs et pic­to­grammes conven­tion­nels... De façon géné­rale, une bonne copie est rigou­reuse : l'élève fait appel à de solides connais­sances, il uti­lise un voca­bu­laire pré­cis, son rai­son­ne­ment est cohé­rent et per­ti­nent. Il uti­lise les bons mots, au bon moment. »

Diane Dussud

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Permettez-moi, enfin, de vous souhaiter bon courage pour l'ensemble des épreuves.

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