Textes sur la liberté (Hobbes, Sartre) brièvement explicités

Publié le par lenuki

 

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Il est vrai que hors de la société civile chacun jouit d'une liberté très entière, mais qui est infructueuse, parce que comme elle donne le privilège de faire tout ce que bon nous semble, aussi elle laisse aux autres la puissance de nous faire souffrir tout ce qu'il leur plaît. Mais dans le gouvernement d'un État bien établi, chaque particulier ne se réserve qu'autant de liberté qu'il lui en faut pour vivre commodément, et en une parfaite tranquillité, comme on n'en ôte aux autres que ce dont ils seraient à craindre. Hors de la société, chacun a tellement droit sur toutes choses, qu'il ne s'en peut prévaloir et n'a la possession d'aucune ; mais dans la république, chacun jouit paisiblement de son droit particulier. Hors de la société civile, ce n'est qu'un continuel brigandage et on est exposé à la violence de tous ceux qui voudront nous ôter les biens et la vie ; mais dans l'État, cette puissance n'appartient qu'à un seul. Hors du commerce des hommes, nous n'avons que nos propres forces qui nous servent de protection, mais dans une ville, nous recevons le secours de tous nos concitoyens. Hors de la société, l'adresse et l'industrie sont de nul fruit : mais dans un État, rien ne manque à ceux qui s'évertuent. Enfin, hors de la société civile, les passions règnent, la guerre est éternelle, la pauvreté est insurmontable, la crainte ne nous abandonne jamais, les horreurs de la solitude nous persécutent, la misère nous accable, la barbarie, l'ignorance et la brutalité nous ôtent toutes les douceurs de la vie ; mais dans l'ordre du gouvernement, la raison exerce son empire, la paix revient au monde, la sûreté publique est rétablie, les richesses abondent, on goûte les charmes de la conversation, on voit ressusciter les arts, fleurir les sciences, la bienséance est rendue à toutes nos actions et nous ne vivons plus ignorants des lois de l'amitié.                                                                                     

                                                                                                                                 HOBBES

 

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«  Hors de la société civile, chacun jouit d’une liberté très entière, mais qui est infructueuse »


Thème du texte : La liberté et les lois

Thèse du texte : « Il est vrai….ce qui leur plaît ». Evocation de la liberté à l’état de nature, qui est certes beaucoup plus étendue que dans une société organisée, mais « qui est infructueuse » parce que constamment menacée par celle des autres. De plus pas de lois → liberté définie comme faculté de faire ce qui plaît →on se nuit donc les uns aux autres

Etapes de l’argumentation 

« Hors la société civile » : Tout étant à tous, rien n’est à personne, alors que la société civile ou Etat garantit le droit de propriété

« Hors la société civile » : Etat de violence généralisé →vie et biens constamment menacés. Alors que dans l’Etat, le pouvoir politique appartient à un seul et l’entraide existe

« Hors la société civile » : L’esprit d’entreprise ne sert à rien, alors qu’il est très utile dans l’Etat

« Hors la société civile » : C’est le règne de la barbarie (dans tous les sens du terme) alors que l’Etat (et ses lois) → le règne de la raison d’où : paix, sécurité, développement des richesses, bref la possibilité d’un progrès indéfini, dans tous les domaines.

 

homme libre sartre

 

 

Dostoïevski avait écrit : " Si Dieu n'existait pas, tout serait permis ". C'est là le point de départ de l'existentialisme. En effet, tout est permis si Dieu n'existe pas, et par conséquent l'homme est délaissé, parce qu'il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilité de s'accrocher. Il ne trouve d'abord pas d'excuses. Si, en effet, l'existence précède l'essence, on ne pourra jamais expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée ; autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté. Si, d'autre part, Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite. Ainsi, nous n'avons ni derrière nous, ni devant nous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications ou des excuses. Nous sommes seuls, sans excuses. C'est ce que j'exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde il est responsable de tout ce qu'il fait. L'existentialiste ne croit pas à la puissance de la passion. Il ne pensera jamais qu'une belle passion est un torrent dévastateur qui conduit fatalement l'homme à certains actes, et qui, par conséquent, est une excuse. Il pense que l'homme est responsable de sa passion. L'existentialiste ne pensera pas non plus que l'homme peut trouver un secours dans un signe donné, sur terre, qui l'orientera ; car il pense que l'homme déchiffre lui- même le signe comme il lui plaît. Il pense donc que l'homme, sans aucun appui et sans aucun secours, est condamné à chaque instant à inventer l'homme.

                                                                                                                                SARTRE

 

 

existentialisme

L’homme est condamné à être libre


Thème du texte : la liberté absolue de l’homme

Thèse du texte : « L’homme est condamné à être libre », car si Dieu n’existe pas, « l’existence précède l’essence » et l’homme est alors libre de se choisir et de se définir.

Etapes de l’argumentation

+ Le point de départ de l’existentialisme : « Si Dieu n’existe pas, tout est permis » (Dostoïevski)

+ Conséquence : l’homme n’a plus de repères ni d’excuses, il est « délaissé »

+ En effet, si « l’existence précède l’essence », il n’y a pas de nature humaine (→ pas de valeurs préétablies). Donc l’homme est libre de définir sa propre nature

+ D’où : « L’homme est condamné à être libre ». Expression paradoxale :

-          Condamné : car l’homme ne s’est pas créé lui-même

-          Libre : car l’homme est totalement responsable de ce qu’il est et de ce qu’il fait

 


Publié dans politique et morale

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