Etre libre, serait-ce faire n'importe quoi ?

Publié le par lenuki

700-6813-Permis de faire n'importe quoi n'importe ou

 

Problématisation de la question:

 

 

« C’est n’importe quoi » : expression qui souligne l’absurdité d’une situation ou d’un comportement. Le « n’importe quoi », c’est le non-sens, l’irrationnel. Et comment pourrais-je être libre en étant soumis à l’irrationnel de mes pulsions, par exemple ? N’importe quoi renvoie donc à tout ce qu’il est possible de faire, que cela soit bien ou mal, judicieux ou non, c’est-à-dire faire tout ce que l’on veut, sans aucune contrainte. Au fond, cela semble engager une définition de la liberté comme absence de contrainte, c’est-à-dire une définition négative de la liberté. Or peut-on, sans contradiction, la définir ainsi ? Car si le n’importe quoi renvoie à tous les possibles, il peut s’agir aussi de ce que l’on ne maîtrise pas (ce qui contredit l’idée même de liberté) comme les pulsions inconscientes ou les désirs les plus répréhensibles, dangereux pour soi ou pour les autres… bref de tout ce qui n’a pas de sens ou se révèle être immoral. En ce sens, comment un « être doué de raison » (selon la définition aristotélicienne de l’homme) pourrait-il faire n’importe quoi ?

Enfin faire, n’est-ce pas agir ? Cela ne suppose-t-il pas des circonstances bien précises, un « ici et maintenant » que nous n’avons pas choisi et qui s’impose à nous, des résistances et des obstacles ? Et à les nier, ne ressemblerions-nous pas à la colombe de Kant (cf. «La colombe légère, lorsque, dans son libre vol, elle fend l'air dont elle sent la résistance, pourrait s'imaginer qu'elle réussirait bien mieux encore dans le vide») ? Etre libre, ne serait-ce pas alors, bien loin de nier les contraintes, les accepter au contraire en s’efforçant de les surmonter ou de les déjouer, en se servant de sa raison ? Lorsque nous agissons, c’est en général en fonction d’un but que nous sommes assignés à nous-mêmes, et que nous avons posé le plus librement possible. Seulement pour parvenir à  l’atteindre, ne faut-il pas en passer par des moyens qui représentent des passages obligés, c’est-à-dire des contraintes qui s’imposent à nous ? Etre libre, ne serait-ce pas alors être autonome (obéir à sa propre raison) plutôt qu’être indépendant (en réalisant son action sans les autres et sans se soumettre à quelques circonstances que ce soit), ce qui signifie ne pas faire n’importe quoi, mais agir au contraire en connaissance de cause ?

 

tu-t-es-vu-quand-t-as-bu

Publié dans politique et morale

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