Questions de la philosophie (Kant)
Les questions de la philosophie selon Kant
Kant réfléchit sur les fondements de la connaissance humaine. Il veut sauver la science (cf. le scepticisme de Hume), la métaphysique (cf. les contradictions des systèmes philosophiques) et la liberté (cf. le déterminisme scientifique), c’est-à-dire la responsabilité, condition de la moralité. C’est pourquoi il s’interroge sur les pouvoirs et les limites de la raison humaine. D’où trois questions :
+ Que puis-je savoir ? + Que dois-je faire ? + Que m’est-il permis d’espérer ?
qui en fait se résument à une seule : + Qu’est-ce que l’homme ?
A. Que puis-je savoir ?
S’interroger sur les possibilités mêmes de la raison, c’est-à-dire tout ce qui dans la pensée ne vient pas de l’expérience (mais de la « raison pure ») implique de critiquer cette raison, c’est-à-dire d’examiner son usage légitime, son étendue et ses limites. En effet, pourquoi la métaphysique a-t-elle échoué à constituer un savoir certain, tandis que les sciences comme les mathématiques ou la physique progressaient ?
Ainsi en mathématiques, Thalès imposa à la figure géométrique un raisonnement purement rationnel de telle manière que la puissance de l’esprit s’impose aux objets qu’il étudie.
De même, en physique, la nature est questionnée conformément aux exigences de la raison, qui n’aperçoit que ce qu’elle produit d’elle-même d’après ses propres plans, car les objets eux-mêmes ne se trouvent à l’origine d’aucun savoir.
D’où ce que Kant nomme sa « révolution copernicienne », selon laquelle les objets en eux-mêmes ne sont la source d’aucun savoir. La connaissance dépend donc du sujet : le réel et le vrai sont produits par le sujet connaissant, maîtrisant les choses et les organisant au moyen de sa sensibilité et de son entendement. C’est l’esprit humain qui garantit la nécessité et l’universalité de la science. Mais cela signifie aussi que nous ne pouvons connaître les choses que comme elles nous apparaissent (phénomènes) et non pas telles qu’elles sont en elles-mêmes (noumènes). Parce qu’il sort de l’expérience, le métaphysicien se trouve privé du point d’appui nécessaire à la raison théorique.
Donc réponse à la première question : je ne peux connaître vraiment que les phénomènes (et non pas les noumènes).
B. Que dois-je faire ?
Pour Kant, le principe de la moralité se trouve dans la volonté du sujet, et non dans une source extérieure (Révélation, « nature humaine »). Qu’est-ce que la raison pratique ? C’est la raison prenant des décisions pratiques, adoptant des résolutions concernant l’action, et déterminant ainsi le comportement moral du sujet libre. La raison pratique veut établir à quelles conditions une décision morale en général est possible. Que dois-je faire ? Mon devoir !
C. Que m’est-il permis d’espérer ?
Il s’agit des trois postulats de la raison pratique, qui ne peuvent être objets de savoir, mais seulement de croyances :
+ l’existence de Dieu et par là la victoire du bien sur le mal
+ l’immortalité de l’âme (pour accomplir la vertu dans un monde « nouménal »)
+ la liberté, qui n’est pas un phénomène mais un noumène et qui ne peut donc pas être objet de connaissance
D. But final : la destination totale de l’homme
La culture est, pour Kant, la fin dernière de l’homme dans la nature. Et la philosophie doit permettre à l’homme de s’accomplir et de se réaliser dans la vérité. En ce sens, la philosophie est une doctrine de la sagesse, la législatrice de la raison, l’idée d’une sagesse parfaite qui nous indique les fins dernières de la raison humaine. La philosophie doit pouvoir alors déterminer :
+ la source du savoir humain
+ l’étendue de l’usage possible et utile de tout savoir
+ les limites de la raison