Peut-on se mentir à soi-même?

Publié le par lenuki

 

Hier soir, diffusion à la télévision d'un documentaire à propos du rapport entre politique et argent, prenant pour s'étayer deux figures jugées emblématiques: Bernard Tapie et Jérôme Cahuzac.

Or, Jérôme Cahuzac est l'exemple type de la possibilté du mensonge à soi-même, au point d'occulter la vérité, voire de la refouler, en pratiquant avec une habileté consommée l'art du déni. D'où une question devenue un classique des sujets de dissertation:

"Peut-on se mentir à soi-même?"

En effet, pour pouvoir mentir, ne faut-il pas connaître la vérité (ou du moins le croire)? Ce mensonge supposerait donc à la fois le savoir de la vérité de la part de celui qui ment et son ignorance chez celui qui est trompé. On comprend aisément que ce soit possible, lorsque menteur et trompé sont deux êtres différents. Mais cela devient problématique lorsque un tel mensonge s'établit au sein du même être, qui serait à la fois celui qui connaît la vérité et celui  qui l'ignore (ce qui apparaît pour le moins contradictoire). Or, comme nous l'avons vu en introduction et comme nous pouvons nous-mêmes en faire l'expérience, il est indéniable que le mensonge à soi existe: comment, alors, est-il possible?

En effet, pour qu'il le soit, il faudrait que un (être humain) = deux (entités distinctes), c'est-à-dire que l'être humain ne soit pas tout d'un bloc,comme une chose, qu'il connaisse des failles par lesquelles la dualité pourrait s'insinuer. Or celle-ci peut s'expliquer:

+ soit par le dualisme (corps/esprit)

+ soit par l'existence de l'inconscient (comme entité distincte de la conscience, au sein du psychisme)

+ soit par la mauvaise foi (cf. Sartre)

+ soit par le double auquel nous contraint la comédie sociale (personne/personnage. Cf. Pascal ou encore La Rochefoucauld)

Ici, le mensonge s'introduit donc au sein de la personne elle-même (et qui, dans certaines situations particulières, n'a pas ressenti comme une usurpation d'identité, le fait de jouer ce que l'on n'est pas, de tenir un rôle et d'y croire?).

Mais pour savoir que l'on se ment à soi, ne faut-il pas avoir accès à la vérité sur soi? La question posée, en ce sens, ne nous renvoie-t-elle pas à la possibilité que nous aurions (ou non) de nous connaître nous-mêmes?

Mais alors pourquoi occultons-nous cette vérité? Ne serait-ce pas parce que nous y aurions intérêt, voire y prendrions du plaisir ? D'où le déni comme facteur d'équilibre psychologique précaire, c'est-à-dire comme ce qui permet d'entretenir son mensonge "en toute bonne foi", de manière éminemment paradoxale...! 

Ainsi pourrait s'erxpliquer l'assurance (dans la mensonge) de Jérôme Cahuzac, et ce de façon répétée. C'est d'ailleurs ce qu'il semble affirmer lui-même: je savais bien, par moments, mais je me refusais à le reconnaître, si bien que je finissais par l'oublier, et par croire à mon propre mensonge. Au fond, ici, la différence entre le mensonge à soi et la mythomanie apparaît bien ténue.

En résumé, comment pouvons-nous être à la fois dans le vrai et le faux, le souvenir et l'oubli, la bonne et la mauvaise foi, la lumière et l'ombre? C'est ce que nous avons bièvement tenté d'ppréhender.

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