Technosciences et éthique
A. La technoscience
Intrication science et technique aujourd’hui : « La science est devenue un moyen de la technique » J. Ellul
D’où le néologisme de « technoscience »
+ vision humaniste : voir dans la technologie un moyen au service d’objectifs humains. Technologie : en elle-même ni bonne ni mauvaise. Ce qui doit faire l’objet d’un jugement moral, c’est les fins pour lesquelles on l’utilise.
Cf. Descartes dans le Discours de la méthode :
“Car [ces connaissances] m’ont fait voir qu’il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu’au lieu de cette philosophie spéculative, qu’on enseigne dans les écoles, on peut en trouver une pratique, par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui n’est pas seulement à désirer pour l’invention d’une infinité d’artifices, qui feraient qu’on jouirait, sans aucune peine, des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s’y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie.”
Idéologie du progrès sans fin…
+ vision techniciste : la technoscience comme fin en soi
Selon la vision humaniste, des chercheurs feraient des inventions et offriraient cet instrument technique à l’humanité, qui décide si elle veut l’utiliser et comment, en fonction de ses buts et de ses valeurs morales. Mais c’est une vision idéale, car il y a au sein du progrès technique un impératif fondamental : l’homme doit s’adapter à un progrès qui s’impose à lui et le dépasse, car le but n’en est pas déterminé d’avance. L’innovation technique s’impose à nous puis nous lui demandons après coup ce vers quoi nous nous dirigeons et de quoi sera fait le monde de demain. C’est « l’impératif technicien » : « Faire tout ce qu’il est possible de faire, réaliser toutes les expériences, développer toutes les potentialités » (G. Hottois). Tout est possible : voilà qui résume à la fois notre fascination et notre peur… ! Peur raisonnable dans la mesure où cet impératif est étranger à toute morale qui, par essence, « invite à ne pas faire tout ce qui est possible, à restreindre librement la liberté, parce qu’il y a de la valeur, du bien et du mal » (G. Hottois).
Si tout connaître est un but qui ne pose pas de problème a priori, l’idée de tout faire en pose un.
En plus de la passion de connaître et d’innover, il y a un système économique, politique ou militaire, qui stimule la recherche, l’appelle et rend possible sa réalisation concrète… !
B. Jusqu’où faut-il contrôler la technoscience ?
L’environnement, la santé mentale et physique des individus, les relations humaines en général ne sont-ils pas menacés par l’innovation technique ? Cf. principe de précaution, mais aussi pression d’associations de citoyens sur les gouvernements pour davantage de contrôles, malgré de fortes résistances dans l’industrie et chez les scientifiques eux-mêmes.
+ les scientifiques sont de prime abord réfractaires à toute forme de contrôle de la recherche. Ils proposent la rationalité scientifique comme solution à tous nos maux. La solution aux problèmes soulevés par le progrès technique, c’est la technique elle-même. Mais tous les scientifiques ne partagent pas cet optimisme (cf. J. Testart). Selon eux, la technoscience n’est pas neutre, il faut donc examiner les buts et les valeurs qui orientent son développement. Comme êtres humains et comme citoyens, les scientifiques ont une responsabilité fondamentale.
+ une voie moyenne : la régulation institutionnelle. Il est difficile d’effectuer un calcul utilitariste objectif des avantages et inconvénients du progrès de la technoscience, car, de chaque côté, il y aurait une liste sans fin. Il serait tout aussi irréaliste de vouloir arrêter le progrès de la recherche en général, ou même celui de certaines recherches. L’avenir de l’humanité est imprévisible et nul ne peut préjuger de l’intérêt à long terme de certaines recherches. Mais la prudence doit être de mise dans certains secteurs, et on peut s’entendre sur une forme de régulation institutionnelle.
C. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication
Les applications de la technologie informatique pénètrent toutes les sphères de la société, et les implications de ces nouvelles technologies sont très vastes.
Exemples : + le fichage qui requiert confidentialité et respect de la vie privée, voire sécurité informatique.
+ problèmes liés à internet.