Nature et culture

Publié le par lenuki

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L’étymologie du mot culture, du mot latin colere (" habiter ", " cultiver ", ou " honorer ") suggère que la culture se réfère, en général, à l’activité humaine. Ce mot prend des significations notablement différentes, voire contradictoires, selon ses utilisations.

Le terme (latin cultura) suggère l’action de cultiver, dans le domaine de l’agriculture en particulier : cultiver des fleurs… Le terme de culture est également employé en éthologie. Cicéron fut le premier à appliquer le mot cultura à l'être humain : Un champ si fertile soit-il ne peut être productif sans culture, et c'est la même chose pour l'humain sans enseignement. (Tusculanes, II, 13).

Dans l’Histoire, l’emploi du mot s’est progressivement élargi aux êtres humains. On note que le terme culte a une étymologie voisine (latin cultus), et qu’il est employé pour désigner l’hommage rendu à une divinité.

La culture est ce qui s’oppose à la nature, à ce qui est donné, inné. Elle est de l’ordre de l’acquis.

Si l’homme a une origine animale et donc naturelle, il n’en diffère pas moins qualitativement des animaux. L’instinct est ce qui régit la vie de l’animal : c’est un savoir inné, dépourvu de conscience, peu susceptible de progrès. Tandis que chez l’homme, l’instinct est atrophié.

Pour parer au déficit  de la vie instinctuelle, l’homme invente des solutions individuelles et collectives qui sont transmises par la parole, et non génétiquement. Aussi la nature de l’homme est-elle sa perfectibilité. En lui, l’intelligence supplée à l’instinct.

 


« Par "nature", on entend surtout ce qui est et qu’il ne faut pas modifier (c’est dans l’essence des choses ), ce qui a été éprouvé et même prouvé à travers sa solidité, sa permanence et donc sa validité. D’ailleurs, ou bien la nature a été créée et organisée par Dieu, on se gardera alors de se substituer à elle ; ou bien, dans une hypothèse matérielle et évolutionniste, ont été peu à peu éliminés les changements désavantageux et trop coûteux. Ne subsisteraient donc que le valeureux et l’efficace, alors, conservons-les. (…)
N’allons pas nous mettre au travers ; préservons bien les fragiles équilibres. Parfois aussi, on a conçu la nature comme "un esprit caché dans les choses" : dans ce dernier cas, on ne peut encore que s’incliner et on devra respecter cette quasi-sacralité . (…)
On s’interdit de changer ce qu’on a préalablement compris comme ce qui se reproduit assurément (nature, de nasci, naître) mais qu’on ne peut pas produire ni vraiment et profondément transformer (dénaturer reste d’ailleurs un mot négatif, qui signifie perte et même offense). »


                                                    Dagognet        La Maîtrise du vivant, Hachette, 1988

signe fleur

 

Si la nature est ce qui doit être préservé, toute culture n’est-elle pas en un sens sacrilège? Faut-il pour autant se contenter de ce que la nature nous donne sans le transformer, voire sans imiter la nature dans sa fonction créatrice ?

arendt11

 

« Toute discussion sur la culture doit, d’une manière ou d’une autre, prendre comme point de départ le phénomène de l’art (…) Cependant, si la culture et l’art sont étroitement liés, ils ne sont pas la même chose. La culture, mot et concept, est d’origine romaine. Le mot « culture » dérive du mot latin colere, cultiver, demeurer, prendre soin, entretenir, préserver. Il renvoie primitivement au commerce de l’homme avec la nature et de l’entretien de la nature, au sens de culture et d’entretien de la nature en vue de la rendre propre à l’habitation humaine. En tant que tel, il indique une attitude de prendre souci, et se tient en contraste marqué avec tous les efforts pour soumettre la nature à la domination de l’homme. C’est pourquoi il ne s’applique pas seulement à l’agriculture mais peut aussi désigner le « culte » des dieux, le soin donné à ce qui leur appartient en propre. Il semble que le premier à utiliser le mot pour les choses de l’esprit soit Cicéron. Il parle de excolere animum, de cultiver l’esprit, et de cultura animi au sens où nous parlons aujourd’hui encore d’une esprit cultivé, avec cette différence que nous avons oublié le contenu complètement métaphorique de cet usage. (…) Pour les romains, le point essentiel fut donc  toujours la connexion de la culture avec la nature. Et le mot culture signifiait originellement agriculture, avant d’en étendre l’utilisation aux choses de l’esprit et de l’intelligence. Cependant, le sens du mot culture ne se réduit pas à ces éléments strictement romains. Cicéron, par exemple, suggère la notion de goût, de sensibilité à la beauté, et non seulement chez les artistes qui créent de belles choses, mais aussi chez les spectateurs, chez ceux qui vivent au milieu de ces belles choses. (…) Cet amour de la beauté, les Grecs le possédaient déjà, bien sûr, et à un degré extraordinaire. En ce sens, nous comprenons par culture l’attitude, ou mieux, le mode de relation que les civilisations entretiennent avec les choses les moins utiles : les œuvres des artistes, des poètes, des musiciens, des philosophes, etc. »

                                                                                                Arendt   La crise de la culture

crise de la culture

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C
Cela fait maintenant un bon petit moment que j'y pense, et je le fais dès à présent:<br /> cher Monsieur Braun, tout d'abord je voulais vous remercier pour cet amour transmit qu'est celui de la philosophie.<br /> il y a peu de choses qui ont pût m'intéresser ces dernières années, et la philosophie m'a permit de me "réveiller",de m'ouvrir l'ésprit ( but même de la philosophie d'ailleurs). Ce goût prononcé<br /> pour cette enseignement est entièrement dût a vos compétences et à votre charisme.<br /> Je vous remercie pour cette aide précieuse et sûrement inconsciente, qui m'a permit de reprendre confiance en moi. Enfin quelque chose m'a parlé.<br /> D'ailleurs j'ai repris philo pour le seconde semestre. ( pas aussi dynamique qu'avec vous m'enfin bon.)<br /> par ailleurs j'ai eu les résultats de mon partiels: 13 de moyenne en sociologie.<br /> J'espère que vous allez bien,<br /> Du disciple au maître,<br /> votre ancienne élève Cesca Malou.<br /> l'adresse mail est celle de Bap mais vous pouvez me répondre dessus si vous le voulez
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