Peut-on croire au Père Noël?
Le père Noël renvoie avant tout à une réalité tout à fait hypothétique qui mobilise à la fois notre imagination et notre besoin de croire. Evidemment, cette
croyance renvoie à l'enfance, donc à une capacité à s'ouvrir au merveilleux et à l'extraordinaire. Il faudrait donc renoncer à croire au père Noël au nom de notre besoin de vérité et de
rationalité, la répudiation du père Noël symbolisant le passage de l'enfance à l'état d'adulte. Il s'agit donc d'évacuer ce qui pourrait bien apparaître comme un préjugé et une opinion commune et
on peut dire que la philosophie commence par cette négation des préjugés. Cela étant, peut-on dire que la totalité de l'existence humaine est tournée vers la rationalité philosophique ou
scientifique. De plus, selon Aristote, la philosophie elle-même ne commence-t-elle pas par le pouvoir de s’étonner ? Or le père Noël renvoie aussi à la dimension du désir et de l'affectif, de
la sensibilité. N’est-il pas légitime alors de croire au père Noël si la superstition qu'il pourrait représenter satisfait un désir profond de l'homme qui est celui de l'étonnement ? Ne
serait-ce pas, paradoxalement, le début de la sagesse, à condition de ne pas rester figé sur cette croyance première ?