La bonté humaine selon MIlan Kundera

Publié le par lenuki

louve romaine

Dans son roman L’insoutenable légèreté de l’être , l’écrivain tchèque Milan Kundera définit ainsi la bonté humaine :

 

« La vraie bonté humaine ne peut se manifester dans toute sa pureté et sa liberté qu’à l’endroit de ceux qui ne possèdent pas de pouvoir. Le véritable test moral de l’humanité – la plus radicale, celle qui existe à un niveau si profond qu’elle échappe à notre attention – réside dans les rapports qu’elle entretient avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. Et là se révèle le manquement fondamental de l’homme, si fondamental que tous les autres en découlent. »

 

En effet, lorsque les autres sont impuissants, nous n’avons aucun intérêt personnel à les traiter correctement et avec respect, car ils ne sont pas en mesure de nous venir en aide ou de nous empêcher d’agir comme bon nous semble. Nous ne les craignons pas, nous ne désirons pas non plus leur collaboration. Donc nous ne pouvons n’avoir qu’une seule raison de manifester correction et respect à leur égard et elle est morale, selon la définition kantienne (le véritable acte moral se fait par devoir et doit aller sans inclination c'est à dire sans intérêt) : parce que c’est la juste conduite à tenir. Milan Kundera écrit un peu plus loin :

 

« En même temps, une autre image m'apparaît : Nietzsche sort d'un hôtel de Turin. Il aperçoit devant lui un cheval et un cocher qui le frappe à coups de cravache. Nietzsche s'approche du cheval, il lui prend l'encolure entre les bras sous les yeux du cocher et il éclate en sanglots
Cà se passait en 1889 et Nietzsche s'était déjà éloigné, lui aussi, des hommes. Autrement dit : c'est précisément à ce moment-là que s'est déclarée sa maladie mentale. Mais selon moi, c'est bien là ce qui donne à son geste sa profonde signification. Nietzsche était venu demander au cheval pardon pour Descartes. Sa folie (donc son divorce d'avec l'humanité) commence à l’instant où il pleure sur le cheval. Et c’est ce Nietzsche là que j’aime…. »

 

Allusion à Descartes et à sa théorie des animaux-machines, ainsi qu’à l’invitation qui est faite à l’homme de soumettre la nature à sa volonté (les animaux faisant partie de cette nature).

Mais aujourd'hui, qu'en est-il? L'homme fait-il toujours preuve d'autant de cruauté? Et si ce n'est pas le cas, est-ce pour autant par bonté d'âme?

kundera insoutenable légèreté

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