Peut-il y avoir une science de l'inconscient?

Publié le par lenuki

inconscient

 

Analyse des termes de la question


Peut-il :   Est-il possible ?

                Est-ce légitime ?

Une telle science est-elle possible ? La connaissance de l’inconscient peut-elle légitimement être qualifiée de science ? Selon quels critères ? Sont-ils acceptables, voire fiables ?


Science : ensemble systématique de connaissances d’un domaine d’objet déterminé, caractérisé par sa rationalité, sa généralité et la possibilité de le transmettre. Par définition, la science s’attache aux régularités du domaine considéré, afin d’en dégager des lois universelles permettant de prévoir le déroulement des phénomènes et d’en expliquer les causes. Elle doit donc pouvoir rendre compte objectivement du réel et obtenir de celui-ci une confirmation expérimentale.


Inconscient : Ce concept est une création de la psychanalyse (début XXe). Il désigne un système structuré d’affects qui sont maintenus hors du champ de la conscience par des mécanismes déterminés et susceptibles d’être décrits. L’inconscient n’est donc pas seulement absence de conscience, mais réalité psychique à part entière, distincte de la conscience, psychiquement localisable, et qui semble déterminer pour une part importante la vie consciente de l’individu.

 

Mes connaissances


+ Une telle science existe, c’est la psychanalyse

+ Inconscient n’est pas inconscience

-          Inconscience = état dont tout le monde fait l’expérience, et on n’a pas attendu Freud pour s’apercevoir de son existence… !

-          Inconscient = une partie du psychisme, échappant par nature à la conscience. A ne pas confondre avec un réservoir de pensées oubliées (cf. Préconscient), car cela supposerait que ces pensées étaient conscientes avant de disparaître dans l’inconscience.

Parler d’inconscient, c’est donc supposer que nos pensées conscientes ont une origine inconsciente qui nous échappe.

+ La science de l’inconscient, si elle existe, ne saurait être une science expérimentale, car ce qui relève de l’inconscient ne peut être qu’indirectement observé (cf. rêves, actes manqués, lapsus, névroses, etc…). Si la psychanalyse peut donc légitimement être qualifiée de science, ce sera une science d’un type nouveau.

+ Enfin le discours scientifique n’est pas le seul valide. Nier la scientificité de la psychanalyse, ce n’est pas pour autant nier la légitimité d’un discours sur l’inconscient (cf. l‘œuvre de Freud n’ouvre-t-elle pas des perspectives intéressantes aidant à comprendre l’être humain ou contribuant à guérir certaines formes de maladies psychiques ?).

 

Compréhension de la question


+ Ce sujet ne peut être traité sans de solides connaissances, qu’il faut expliquer et développer à partir du cours.

+ Mais aucun sujet de philosophie ne se réduit à une simple récitation. De plus, ce sujet est aussi un sujet sur la science et c’est pourquoi il faut se demander ce qui fait qu’une théorie peut être qualifiée de scientifique. Or ici on ne peut se contenter d’approximations (ex : « une théorie est scientifique lorsqu’elle est démontrée », sans préciser en quoi consistent une démonstration et une preuve en science… !) Enfin ne peut-on admettre l’existence de l’inconscient sans que cela implique pour autant qu’on puisse en faire une connaissance scientifique ?

+ Freud affirme la scientificité de la psychanalyse. Il faut donc confronter cette affirmation avec les négations de l’existence de l’inconscient, soit pour des raisons d’ordre moral (Sartre, Alain) soit pour des raisons d’ordre épistémologique (Popper).

 

Yves-Tanguy 5 original

Références


+ Freud. Cf. texte : l’inconscient est une hypothèse nécessaire et légitime

Freud y prend acte du fait que l’inconscient ne peut être observé tel quel, tout en ajoutant que la conscience ne peut suffire pour autant à rendre compte de la plupart des actes psychiques. L’hypothèse de l’inconscient permet donc d’expliquer certains phénomènes psychiques, qui ne le seraient pas sans elle (d’où sa nécessité). Exemple : on ne peut expliquer un lapsus ni par la conscience (ce qui est évident) ni par le corps et ses mécanismes, même si on dit « ma langue a fourché », ce qui n’est qu’une image…C’est pourquoi la psychanalyse est essentiellement une interprétation (« le rêve est la voie royale qui mène à l’inconscient » comme le dit Freud). Mais comment une interprétation peut-elle revêtir un caractère scientifique ? Interpréter un rêve, c’est en effet dégager un sens en distinguant son contenu manifeste et son contenu latent, par le moyen de la méthode dite d’ « associations libres ». Donc si science de l’inconscient il y a, elle ne saurait permettre de prévoir les comportements ou les rêves futurs d’un analysé. Freud était médecin : il s’agit donc pour lui de dégager, à partir de symptômes visibles les causes cachées de certaines perturbations psychiques. C’est pourquoi la cure et ses réussites est érigée par Freud en preuve pratique autant qu’irréfutable de l’existence de l’inconscient.

+ Mais parmi les critiques de la psychanalyse et de sa scientificité figure celle de Popper qui, à partir des conditions qui font qu’une connaissance peut être légitimement reconnue comme scientifique, exclut la psychanalyse, parce qu’elle n’est pas « falsifiable ». En effet, une théorie qui se donne les moyens d’avoir raison dans toutes les situations possibles, celles qui se produiront comme celles qui ne se produiront pas est incapable d’exprimer scientifiquement le réel.

+ Parmi ces critiques figurent aussi celles de Sartre ou Alain, au nom de la morale. En effet, si je suis déterminé à agir comme je le fais par des causes inconscientes, comment pourrais-je me dire libre (mon sentiment de liberté ne résultant que de mon ignorance) ? or si je ne suis pas libre, comment pourrais-je me conduire moralement, puisqu’une telle conduite implique de pouvoir choisir entre le bien et le mal ?

 

Plan possible


A)     Freud : la psychanalyse existe, et prouve l’existence de l’inconscient. Une science de ce dernier est donc possible.

B)     Mais est-elle bien légitime ? Cf. Popper, Sartre, Alain : rien ne vérifie l’existence de l’inconscient ni la scientificité de la psychanalyse. Une science de l’inconscient semble donc difficile à établir sur des fondements solides.

C)      Mais cela remet-il nécessairement en question l’existence de l’inconscient et tout discours à son propos ? La psychanalyse n’a-t-elle pas permis de mieux comprendre l’homme ainsi que certaines de ses productions culturelles comme l’art ou les mythes ? L’homme n’est-il pas un « animal symbolique » qui charge d’imaginaire toute réalité ? Fallait-il absolument faire de l’inconscient un concept scientifique pour que soit reconnue l’importance qu’il joue dans la vie psychique de l’homme ?

 

 

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