Maths et abstraction
Les exemples, mauvaise façon d'apprendre les maths
Agence France-Presse
Les exemples concrets sont loin d'être la meilleure méthode pour comprendre les mathématiques, selon une étude publiée jeudi aux États-Unis qui privilégie une approche d'assimilation abstraite.
«Il est très difficile de faire comprendre des principes mathématiques à partir d'un exemple concret», affirme Vladimir Sloutsky, co-auteur de l'étude et directeur
du centre pour la Science cognitive de l'Université d'Etat de l'Ohio.
«Les exemples concrets peuvent être de bons moyens pour tester la maîtrise des connaissances acquises mais ce sont de mauvais instruments d'enseignement», ajoute ce chercheur dont les travaux
paraissent dans la revue américaine Science datée du 25 avril.
Les étudiants qui apprennent une règle mathématique à travers un ou plusieurs exemples concrets auront en effet plus de mal à la réutiliser dans un nouveau contexte comparativement à ceux l'ayant
acquise seulement de façon abstraite, selon ces chercheurs.
C'est ainsi qu'un grand nombre d'étudiants pouvant résoudre le problème de savoir à quelle heure le train A va croiser le train B, seront incapables d'appliquer cette solution à d'autres exemples
s'ils n'ont pas acquis la formule de manière uniquement abstraite, explique Jennifer Kaminski, principale auteur de l'étude.
Les chercheurs ont testé leur théorie sur un groupe de 80 étudiants de niveau Deug-Licence qu'ils ont répartis en quatre sous-groupes.
Ils leur ont enseigné un principe arithmétique simple illustré par un, deux et trois exemples concrets pour les trois premiers sous-groupes alors qu'ils se sont contentés d'une simple explication
abstraite pour le dernier groupe.
Ils ont ensuite soumis l'ensemble des 80 étudiants à un questionnaire à choix multiples pour tester la compréhension du principe de calcul enseigné.
Le meilleur score (80% de réponses exactes) a été réalisé par le groupe d'étudiants ayant appris ce principe de calcul de manière purement abstraite.
Les autres sous-groupes n'ont obtenu que 51% et 43% de réponses justes respectivement, dont une grande partie attribuée au hasard.
Les exemples concrets pourraient même distraire les étudiants en les empêchant de se concentrer sur le concept lui-même, explique Vladimir Sloutsky.
Selon lui, «ces conclusions remettent en cause une croyance de longue date en pédagogie».
«Nous avons vraiment besoin de présenter ces concepts par des représentations très symboliques», insiste Jennifer Kaminski. «Les étudiants sont ensuite mieux préparés à les appliquer dans une
variété de situations», dit-elle.