Que peut-on savoir de soi ?

Problématisation de la question:

Selon Socrate, la connaissance de soi constituerait un idéal philosophique : « Connais-toi toi-même ». Or, au vu de la proximité que l’on entretient avec soi-même, on pourrait croire que cette connaissance est aisée et va de soi. Mais sait-on pour autant tout ce qui se passe en nous ? Ne sommes-nous pas guidés, parfois malgré nous, par des désirs dont nous ignorions être porteurs ? Alors, que peut-on savoir de soi ? Un savoir, pour être rigoureux, ne doit-il pas être objectif ? Comment le savoir de soi pourrait-il l’être, puisque sujet connaissant et objet connu coïncident ? De plus, n’y a-t-il pas en nous des zones d’ombre qui rendent le savoir de soi d’autant plus problématique ? Et notre conscience, de ce point de vue, par le savoir immédiat qu’elle nous donne sur nous-mêmes, est-elle garante de vérité ou source d’illusion ? La conscience, en prenant ses désirs (de liberté, de maîtrise) pour la réalité ne serait-elle pas le jouet d’elle-même ? Enfin, si notre être est inachevé, le savoir de soi n’est-il pas toujours à remettre en question en fonction des nouvelles informations  que nous pourrions appréhender sur nous-mêmes ? Et cette appréhension ne nous-est-elle pas donnée par la conscience, grâce à laquelle nous pouvons exercer cette remise en question de tout savoir figé de soi ?

Remarque :

Nous n’avons retenu, ici, qu’un des sens de » peut-on » : dans quelle mesure un tel savoir est-il possible (surtout si l’inconscient au sens freudien y fait obstacle). Mais il est évident qu’on aurait pu aussi faire jouer un autre sens de « peut-on » : dans quelle mesure un tel savoir est-il légitime ? De quel droit pourrions-nous prétendre à un savoir de soi, surtout si un tel savoir est entaché d’illusions, parce qu’il est par trop subjectif, ou parce que notre inconscient serait source d’illusions sur soi. Il faudrait alors mentionner ici la cure analytique, qui par le travail sur soi qu’elle implique, pourrait nous faire accéder à une meilleure connaissance de nous-mêmes, ou encore la médiation d’autrui qui par le regard qu’il porte sur nous, pourrait aussi favoriser un meilleur savoir de soi.