L'histoire (fiches)

Publié le par lenuki69

 
 
L’histoire comme réalisation de la liberté de l’esprit
 
L’histoire commence avec la formation des Etats
  • Pour Hegel (La Raison dans l’histoire, 1822 et 1828), le temps qui s’est écoulé avant l’apparition de l’histoire écrite fut « sans histoire objective », parce qu’il n’a laissé « aucune histoire subjective », aucun récit historique. Autrement doit, il n’y a pas d’histoire à proprement parler sans récit historique.
  • Mais il ne peut non plus y avoir de récit historique sans des actes et des événements historiques. Or, un peuple « qui ne forme pas un Etat » n’a pour ainsi dire pas d’histoire. Les « souvenirs de famille », les « traditions patriarcales » des communautés primitives ne sont pas « objet de mémoire » et ne peuvent en conséquence être susceptibles d’une narration historique.
  • Seule une communauté « qui se consolide et s’élève à l’Etat » requiert « au lieu d’ordres subjectifs, suffisants pour les besoins d’un moment, des commandements, des lois, des déterminations générales et universellement valables », qui produisent à leur tour « une conscience capable de les saisir clairement » et de les conserver durablement.
  • L’Etat est donc l’universel qui produit l’histoire à la fois comme récit et comme ensemble d’événements.
 
La rationalité cachée de l’histoire
  • Pour Hegel, l’histoire est en apparence chaos. Elle offre le spectacle affligeant du déchaînement des passions, de la déraison.
  • Mais derrière cette déraison se dévoile une finalité rationnelle : l’histoire est la marche graduelle par laquelle l’Esprit à sa vérité et prend conscience de soi.
  • De ce fait, les acteurs de l’histoire ne sont pas des « personnes singulières, réduites à leurs individualités particulières », mais les différents peuples historiques avec leur esprit, leur constitution, leur art, leur religion, leur science, leurs coutumes.
  • De plus, ces peuples ne maîtrisent pas le sens de ce qu’ils font. Ils ne sont que « les moyens et les instruments d’une chose plus élevée, plus vaste qu’ils ignorent et accomplissent inconsciemment ».
 
Marx et la science du mouvement historique
 
La lutte des classes comme source de toute historicité
  • Marx rejette la philosophie de l’histoire de Hegel qui prône le salut de l’homme par la découverte du sens de l’histoire et non par la transformation du monde réel. Dans le Manifeste du parti communiste (1848), il affirme que « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de luttes de classes ».
  • La société, dit Marx, se divise en deux grandes classes qui s’affrontent directement : la bourgeoisie et le prolétariat. Cet antagonisme ne peut se résoudre que par la suppression du capitalisme et l’instauration de la société communiste.
  • Contrairement aux révolutions passées qui n’ont fait que substituer aux anciennes classes de nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppression, la révolution prolétarienne met fin à tous les antagonismes.
En s’accomplissant et en se dépassant elle-même, la lutte des classes, dit Marx, mène non pas à la fin de l’histoire, mais à la fin de la préhistoire. Il restera à l’humanité réconciliée avec elle-même à résoudre les problèmes posés aussi bien par la nature que par sa propre nature.
 
Ce sont les hommes qui font l’histoire
  • Si la révolution communiste répond à une certaine nécessité interne, elle n’est cependant pas inéluctable. Contrairement à Hegel, pour lequel l’histoire s’explique sans l’homme réel, Marx affirme que « l’histoire ne fait rien », que « ce sont les hommes réels qui font l’histoire ». Mais ils la font dans des conditions historiques et sociales très déterminées.
  • Ainsi, si les hommes prennent l’initiative de changer les rapports sociaux, ce n’est pas en vertu d’une volonté créatrice ou d’une liberté transcendante, mais parce qu’ils sont contraints à le faire, précisément par les contradictions de ces rapports sociaux.
En affirmant le primat de l’avenir et en montrant la possibilité, voire la nécessité, d’un dépassement du réel, la conception historique du marxisme s’oppose aussi bien au fatalisme qu’à un déterminisme mécaniste qui ne laisserait à l’homme que la passivité ou la soumission.
 
L’histoire est-elle une science ?
 
 
La vérité se trouverait dans les documents
 
Les documents sont soumis à une double critique
  • C’est à partir du XIXè siècle que les historiens rêvent de faire de l’histoire une science, en s’inspirant du modèle des sciences physiques.
  • L’historien trouve les documents – témoignages écrits, vestiges du passé – et procède à leur double critique :
-         la critique externe vise à déterminer l’authenticité du document et à le rétablir dans son état primitif en supprimant ce qui a pu être ajouté, et en reconstituant les parties disparues ;
-         la critique interne vise à déterminer la signification du document.
 
L’histoire est un travail de reconstruction
  • La confrontation des témoignages indépendants permet d’aboutir à une certitude pratique.
  • L’analyse fournit ainsi une masse de documents qui permettent d’établir des faits particuliers. Il s’agit ensuite de procéder à un travail de synthèse, c’est-à-dire de déterminer la place et l’importance relative de ces faits dans la chaîne des événements. C’est là un travail de reconstruction. La vérité se trouverait donc dans les documents. Il suffirait de l’extraire.
 
L’histoire ne peut prétendre à la même objectivité que les sciences physiques
 
L’élaboration historique est subjective
  • Les documents, comme d’ailleurs la nature, ne parlent qu’à ceux qui les questionnent. L’élaboration historique présuppose donc une prise de parti sans laquelle l’historien est hors d’état de comprendre et de connaître.
  • La subjectivité de l’historien intervient donc dans les critères qui président au choix des événements. Chaque historien ne s’intéresse aux faits que dans la mesure où ceux-ci confirment ou infirment une philosophie de l’histoire, qui est la sienne.
 
Il est impossible de séparer l’histoire de l’historien
  • L’histoire est semblable à la mémoire individuelle : c’est à partir des préoccupations du présent, que les historiens reconstituent le passé.
  • Voilà pourquoi, à chaque génération, l’histoire est réécrite. Chaque époque reprend l’histoire à la lumière du lendemain auquel elle prétend.
  L'Histoire comme progrès?
 
L’annonce de la fin du monde
  • Il y a aussi une fiction sur l’après de ce monde mauvais, la fin du monde :  « maintenant nous vivons aux derniers temps ». Ce « maintenant », aussi, « est aussi vieux que l’histoire ». Il ne renvoie qu’à une actualité mythique qui n’est inscrite dans aucune histoire réelle en train de se faire. Ce « maintenant » est une simple parole, qui ne témoigne d’aucune expérience, d’aucune réflexion, disqualifiant tous ceux qui se plaignent.
L’opinion opposée : « le monde progresse du mal vers le mieux »
 
 
  • A l’opposé, Kant expose l’opinion selon laquelle « le monde progresse du mal vers le mieux ». Cette opinion s’est constituée à la suite d’une réflexion de la part de philosophes, et peut-être même d’une pratique, celle de pédagogues qui traitent, non de l’au-delà, mais des choses d’ici bas.
  • Comment les pédagogues pourraient-ils exercer leur métier, s’ils ne croyaient pas – et ne constataient pas – à une perfectibilité de l’esprit humain ? Le monde progresse, mais la progression se fait d’une manière à peine sensible. Il y a l’idée d’un temps qui indéfiniment se déroule avec une lente progression vers le mieux, qui n’est pas le Bien, simple vision asymptotique d’une fin de l’histoire qui n’en finit pas d’advenir.
 
Il y a en l’homme une disposition au progrès
  • Mais voit-on ce progrès ? Il faut écarter de cette question, dit Kant, la démarche empirique, qui ne s’y retrouverait guère dans les hauts et les bas, les avancées et les reculs. Car c’est d’une question de principe qu’il s’agit. Et c’est là ce qui fait tout le prix de cette thèse selon laquelle le monde progresse du mal vers le bien.
Il y a, dit Kant, qui semble bien épouser cette position, dans la « nature humaine »  une disposition à ce progrès. On le sait par d’autres textes de Kant : il y a en l’homme une disposition à exister comme un être moral, respectueux de la loi et sensible au remords. Donc, une situation où « ne peut être greffé absolument rien de mauvais ».

Publié dans la culture

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