La vérité (fiche)
Définitions
Vérité-correspondance ou vérité adéquation : la vérité c’est l’énoncé qui est conforme à ce qui est, qui dit
les choses comme elles sont. Attention, la vérité n’est pas « ce qui est » : la notion de vérité qualifie toujours un énoncé, une connaissance, pas le réel. On ne définit donc pas la vérité comme
synonyme de « ce qui est ».
Qu’est-ce que le réel ?
a) Le réel c’est d’abord ce qui est extérieur à l’esprit.
b) C’est également ce qui est appréhendé par nos sens (le monde « sensible »). On peut enfin dire que le réel ce n’est pas le monde sensible, mais le monde
intelligible ; « intelligible » voulant dire, soit ce qui est appréhendé par notre esprit (cf. le morceau de cire de Descartes), soit ce qui est de nature différente (cf. le monde des Idées de
Platon). Le réel n’est donc pas synonyme de « sensible ». C’est au contraire ce qui se cache sous ou derrière les apparences sensibles. Cf. thème de l’illusion des sens.
Certitude : définition de la vérité comme état de notre esprit ; rejoint la notion de vérité-correspondance,
sauf qu’il n’y a pas l’idée de sortir de soi-même pour comparer notre énoncé avec un objet extérieur ; le problème de cette définition de la vérité est qu’elle ne nous permet pas, cf. ci-dessous
le critère de la vérité cartésien, de savoir si oui ou non ce que nous disons est vrai, ou si nous ne possédons qu’une opinion, ie, une « connaissance » non justifiée.
Vérité-cohérence : on conçoit ici la vérité comme étant de nature logique. Sera vrai l’énoncé qui respecte les
règles élémentaires de la logique, qui, depuis Aristote, sont au essentiellement au nombre de 3 : 1) le principe d’identité : dans une inférence logique, un terme doit rester identique à lui-même
; 2) le principe de contradiction, qui stipule que dans une inférence logique, on ne peut trouver une affirmation et l’affirmation contraire ; 3) le principe du tiers-exclu qui stipule que dans
une on ne peut accepter de troisième solution outre la vérité ou la fausseté d’une affirmation.
Définition de la démonstration : raisonnement permettant de déduire (ou inférer) une conclusion à partir d’hypothèses de départ. Démontrer n’est pas montrer car la démonstration renvoie à des arguments rationnels, pas à l’évidence sensible.
Problème de cette conception : l’esprit ne sort pas de lui-même, on n’apprend rien sur le monde. Cette « vérité » n’est que celle du raisonnement et pas celle de ses prémisses (affirmations d’où nous partons). On parlera ici de validité plutôt que de vérité.
Trois problèmes
I- L’homme a-t-il la possibilité de connaître la nature profonde de la réalité ? C’est-à-dire, de s’abstraire de son point de vue subjectif/
humain sur le monde ?
Deux réponses : l’idéalisme et le réalisme
1) l’idéalisme
a) idéalisme épistémologique : peut-être ne pouvons-nous pas savoir comment est le monde véritablement (« en dehors de nous »), ni même s’il existe,
car nous ne voyons le monde qu’à travers nos capacités humaines de connaître ; cf. idéalisme problématique de Descartes (l’argument du malin génie, fin de la première méditation)
b) idéalisme ontologique : il n’existe que des esprits et leurs « idées » (le terme d’idée étant pris ici en un sens très général : la sensation, la perception, le concept) ; cf. Berkeley
2) le réalisme
a) le réalisme du sens commun : idée selon laquelle nous avons immédiatement affaire au réel, et à la nature du réel, à travers nos sensations/
perceptions (rejoint l’empirisme)
b) le réalisme platonicien : correspond à l’idée selon laquelle il existe une réalité indépendante à l’esprit, mais attention, cette réalité n’est
pas du tout le monde des apparences sensibles, mais le monde des Idées
II- comment connaissons-nous la réalité ? à travers nos sens, ou notre raison ?
- Platon, Allégorie de la caverne, dans la République, livre VII : monde sensible versus monde
intelligible
- Descartes, Première Méditation : les sens sont douteux
- Descartes, Seconde Méditation, l'épisode du morceau de cire : ce n'est pas par nos sens que nous accédons à la réalité mais à travers notre
esprit.
III- Quel est le critère de la vérité ? C’est-à-dire, comment savons-nous que nous possédons la vérité ? Quelles sont les méthodes pour y
parvenir ?
- réponse de Descartes dans les Méditations Métaphysiques : le vrai s’impose, le vrai, c’est l’évidence ; attention, l’évidence ou
l’intuition dont nous parle Descartes n’est pas une intuition sensible mais rationnelle (modèle : le cogito). La vérité revient à se défaire de ses préjugés, de ses opinions premières. Toutefois,
modèle beaucoup trop subjectif de la vérité (cf. notion de certitude)
- Réponse « scientifique » : on découvre la vérité à travers des expérimentations, en confrontant notre énoncé avec le réel entendu au sens de « monde extérieur » ; cf. le critère de la falsifiabilité chez Popper : une hypothèse ou une théorie est scientifique si elle donne les conditions de sa fausseté