Homme, animal politique

Publié le par lenuki

"Il est évident que l'homme est un animal politique, bien plus que n' importe quelle abeille ou n' importe quel animal grégaire. Car, nous le disons souvent, la nature ne fait rien en vain. Et seul parmi les animaux, l'homme est doué de parole. Certes la voix sert à signifier la douleur et le plaisir et c'est pourquoi on la rencontre chez les autres animaux (car leur nature s'est hissée jusqu'à la faculté de percevoir douleur et plaisir et de se signifier mutuellement). Mais la parole existe en vue de manifester l'utile et le nuisible, puis aussi, par voie de conséquence, le juste et l'injuste. C'est ce qui fait qu'il n'y a qu'une chose qui soit propre aux hommes et les sépare des autres animaux: la perception du bien et du mal, du juste et de l'injuste et autres notions de ce genre, et avoir de telles notion en commun, voilà ce qui fait une famille et une cité."

Aristote parle d'animal politique parce qu'il distingue le genre de l'espèce. L'homme est bien un être " animé ", un être faisant partie du genre animal, mais il est un animal politique, le seul d'ailleurs, là où les autres peuvent seulement être grégaires (les fourmis par exemple). En employant la conjonction " car ", Aristote montre seulement que ce n'est pas un hasard si la nature a fait de l'homme un être politique. Sa conception finaliste de la nature lui fait supposer qu'elle a doté l'homme de cette faculté parce qu'il était le seul à pouvoir s'en servir. Le lien à la parole est effectivement fondamental (la parole et la raison qui se disent tous les deux " logos " chez les grecs). Mais de la même manière, la nature n'a pas donné la parole aux animaux mais seulement aux seuls êtres capables de s'en servir, c'est à dire les hommes.

Publié dans politique et morale

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article