La réalité de l'inconscient

Publié le par lenuki

L'inconscient est une réalité

 

 

« On nous conteste de tous côtés le droit d'admettre un psychique inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse. Nous pouvons répondre à cela que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l'existence de l'inconscient. Elle est nécessaire, parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires ; aussi bien chez l'homme sain que chez le malade, il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d'autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du témoignage de la conscience. Ces actes ne sont pas seulement les actes manqués et les rêves, chez l'homme sain, et tout ce qu'on appelle symptômes psychiques et phénomènes compulsionnels chez le malade ; notre expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence d'idées qui nous viennent sans que nous en connaissions l'origine, et les résultats de pensée dont l'élaboration nous est demeurée cachée. Tous ces actes conscients demeurent incohérents et incompréhensibles si nous nous obstinons à prétendre qu'il faut bien percevoir par la conscience tout ce qui se passe en nous en fait d'actes psychiques : mais ils s'ordonnent dans un ensemble dont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actes conscients inférés. Or, nous trouvons dans ce gain de sens et de cohérence une raison pleinement justifiée d'aller au-delà de l'expérience immédiate. Et il s'avère de plus que nous pouvons fonder sur l'hypothèse de l'inconscient une pratique couronnée de succès, par laquelle nous influençons, conformément à un but donné, le cours des processus conscients, nous aurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestable de l'existence de ce dont nous avons fait l'hypothèse. »

 

Sigmund Freud, Métapsychologie [1915], trad. J. Laplanche

Et J.B. Pontalis, c Edition Gallimard, coll. « Idées », 1968, p. 66 sq.

 

 

L'hypothèse de l'inconscient se justifie théoriquement

 

L'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et légitime

  • Il y a des actes psychologiques conscients qui ne peuvent être expliqués que par des actes psychiques qui, eux, échappent « au témoignage de la conscience ». La conscience n'a pas de valeur explicative totale, mais seulement partielle.
  • Dans bien des cas, un acte psychique ne s'explique pas par la conscience, mais par un autre acte psychique. Il y a donc un enchaînement continu (et sous-jacent) des actes psychiques.

 

Les données de la conscience sont lacunaires

  • La conscience est un phénomène de surface dont les « données sont lacunaires » (et non pas continues), et même, souligne Freud, généralement lacunaires (« extrêmement »).
  • Autrement dit, il n'y a pas d'identité entre conscience et état psychiques, mais un champ des états psychiques plus larges que celui de la conscience.

 

Ces lacunes de la conscience concernent tous les hommes

  • On pourrait constater (« on nous conteste »), l'existence d'un inconscient chez l'homme sain. Contre cette thèse, Freud augmente sur le principe du « aussi bien » : aussi bien l'homme bien portant que le malade. Avec des exemples faciles à reconnaître pour soi-même, en ce qui concerne « l'homme sain » : les actes manqués, les rêves.

 

Tout état psychique renvoie à un autre état psychique

  • Pour ce qui concerne le malade, Freud simplifie le vocabulaire médical en utilisant le terme générique : « Tout ce qu'on appelle symptôme s psychiques ».
  • Tout symptôme est symptôme de quelque chose d'autre. Quant à la compulsion, elle est tendance forte à répéter  des situations névrotiques qui ne peut s'expliquer que par référence à un inconscient.

 

La cure psychanalytique comme preuve expérimentale

 

La preuve de l'existence de l'inconscient

  • Dans une seconde partie, beaucoup plus brève, Freud argumente sur la légitimité de l'hypothèse de l'inconscient en faisant référence à la pratique de la psychanalyse.
  • Cette thérapeutique, fondée sur l'hypothèse de l'inconscient, réussit. C'est une « preuve » expérimentale « incontestable » qui donne consistance de fait à ce qui, jusqu'alors, n'était qu'une hypothèse intellectuelle. D'autant que cette influence n'est pas limitée au coup par coup, mais qu'elle s'organise selon un programme où le but est préétabli (selon « un but donné »).

 

Une démonstration véritablement scientifique

  • Ainsi Freud a-t-il couvert l'ensemble de la démarche scientifique : passage de l'hypothèse à la théorie, de la théorie à la pratique expérimentale (observation des faits, expérimentation).
Démarche qui permet de transformer ce qui, un moment, n'a été qu'une simple hypothèse en la thèse centrale d'une nouvelle conception de l'homme.

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