De la maîtrise de soi...(sujet IEP commenté par Madame Hansen-Love)

Publié le par lenuki

Faut-il rester nécessairement maître des soi? (premier commentaire)

Faut-il rester nécessairement maître de soi ???????????????

 

(Sujet surprenant : la réponse est tellement évidente (oui !), d'où la question : où est le problème ???)

 

Tout d'abord on notera que « rester » implique qu'on l' est (maître de soi)  : on peut se demander ce qui autorise à penser cela
Ensuite le « nécessairement »  étonne.   Il ne peut signifier « inévitablement » car on peut ne pas être maître de soi .  Il ne peut signifier que « obligatoirement ». Mais  un tel impératif paraît excessif. Car on ne peut devoir faire que ce que l'on peut faire. Or il semble évident - encore -  que l'on n'est pas toujours maître de soi  (maladie, handicap, viellesse etc..)

 Je pense à deux approches possibles :

 Premier plan :

I Il faut nécessairement  rester maître de soi  (approche psychologique)
  Car seul l'homme volontaire est libre.  On doit donc nécessairement  s'efforcer d' être maître de soi pour être libre comme nous l'ont enseigné Socrate  (cf Gorgias, dialogue avec Calliclès) puis les stoïciens.

II Il faut nécessairement rester maître de soi (approche morale)

 Car la dignité de l'homme tient à son autonomie. Il faut rester maître de soi pour respecter  l'autre et pour se respecter soi-même

III L'homme politique doit plus nécessairement encore rester maître de lui

 Non seulement à un plus haut degré que l'homme ordinaire, mais différemment

En effet (cf le Prince de Machiavel ) il doit être  capable d'être alternativement lion et renard (talent de comédien).
 Mais aussi il doit pouvoir surmonter les préjugés moraux pour commettre des actions immorales dans l'intérêt de l'Etat. Ici il s'agira d'une forme d'abnégation

 Conclusion 

 On doit rester maître de soi pour des raisons tant d'intérêt que de dignité.  Mais la nature ne nous y aide pas toujours (cf maladie et fragilité). On dira plutôt que la maîtrise de soi est souhaitable.

Mais le cas du Prince est beaucoup plus  évident. La maîtrise de soi est une condition sine qua non de l'exercice du pouvoir

 

Second plan :

I On doit rester maître se soi... dans la mesure de nos moyens (approche psy)

II On doit rester maître de soi pour des raisons morales (approche kantienne)

III La maîtrise de soi est  largement illusoire

« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » Freud. Auquel cas, l'idéal moral n'est pas une maîtrise (impossible) mais plutôt la sincérité, l'authenticité.

 « Etre libre, c'est prendre conscience des causes qui nous font agir » Spinoza. La lucidité, ce n'est exactement la maîtrise de soi. De plus, on ne doit pas confondre liberté et ascétisme.  Une certaine forme de spontanéité, de générosité, de bonté peuvent exister sans avoir rien à voir avec une quelconque maîtrise de soi.

Conclusion

 La maîtrise de soi n'est pas le seul idéal moral concevable. Ainsi par exemple, le poète, inspiré par le Dieu (cf Ion de Platon) ne se maîtrise plus du tout...

 Ni le croyant illuminé par la grâce....

 

Publié dans politique et morale

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