Faut-il vivre pour autrui?

Publié le par lenuki

altruisme

Analyse des termes de la question

 

+ Faut-il ?  On interroge, ici, sur la légitimité d’une exigence (« vivre pour autrui »)

-          Est-il nécessaire (ce qui renvoie à la nécessité, excluant la liberté) : mais peut-on ne vivre que pour soi ? L’homme n’est-il pas un être essentiellement social, qui ne peut vivre que par les autres ? Toute société n’est-elle pas fondée sur l’échange, qui implique de tenir compte (au moins) d’autrui, de sa présence ?

-          Est-ce un devoir, une obligation (renvoyant à la relation morale avec autrui, donc à l’altruisme comme qualité de celui qui vit pour autrui, et donc à un certain désintéressement)? L’égoïsme n’est-il pas réprouvé moralement ? Faudrait-il, alors, ne vivre exclusivement que pour autrui ? Est-ce possible, voire souhaitable ?


+ Vivre : exister, être au monde. Pourrait-on exister tout seul ? N’existe-t-on pas toujours par autrui, à défaut d’exister pour autrui ?


+ Pour : idée de but, de finalité. Or le but de mon existence n’est-il pas moi-même, mon accomplissement ? Mais (là encore) pourrais-je m’accomplir sans autrui ? Une évidence : je vis toujours avec et par (grâce à) autrui. Mais pour autrui n’implique-t-il pas davantage ? Ne serait-ce pas, en ce cas, autrui qui donnerait un sens à mon existence ? Et cela ne pourrait-il pas me conduire à ma perte, à mon aliénation en autrui, ce qui serait aussi contraire à la morale ?

Aussi le bon sens ne voudrait-il pas qu’on vive d’abord pour soi-même, voire pour ses proches, plutôt que pour les autres en général ou autrui au sens indéfini ? D’où une dernière question : qui est autrui ?

humanitaire


+ Autrui :

- comme pronom indéfini : vivre pour autrui, ce serait alors se dévouer, voire se sacrifier pour des êtres éventuellement inconnus. Or dans quelle mesure est-ce acceptable ? Nos proches ne risqueraient-ils pas de nous le reprocher ? N’ai-je pas, d’abord, un devoir envers eux ?

- comme être singulier (cet autre-ci, en face de moi). En ce sens, vivre pour autrui, ne serait-ce pas considérer chaque être dans sa singularité, voire aimer activement les autres (cf. Mère Teresa) ? Cela ne désigne-t-il pas l’action humanitaire, ou l’action fondée sur la charité ?

Mais si autrui est mon semblable ou mon égal, pourquoi lui accorderais-je plus d’importance qu’à moi-même ?

Cf. l’un des commandements évangéliques : « aime ton prochain comme toi-même ». Ne s’agit-il pas, alors, de s’aimer aussi, voire avant tout ?

L'opposition ici réside dans la distinction entre vivre pour soi et vivre pour autrui. Spontanément, on considère comme critiquable le fait de vivre pour soi, on parle alors d'égoïsme, ce qui est condamné par la morale. S'agit-il alors de penser que notre devoir est de vivre pour autrui ? Le fait de vivre pour autrui ne peut-il pas conduire aussi à un oubli de soi. D’où une alternative à dépasser : d'un côté vivre pour soi semble condamnable alors que d’un autre côté vivre pour autrui peut rencontrer des limites. Alors comment pourrait-on vivre pour autrui sans pour autant tomber dans un oubli total de soi ?

mere teresa

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