Quelques conseils de méthode
Bac Philo : travailler les concepts et préparer des fiches
En plus de la liste des notions à étudier, le programme comporte, en effet, une suite de « repères » qui consistent en une série de couples :
absolu/relatif, universel/singulier, général/particulier, etc...
Cet ajout est significatif car il explicite une idée sous-jacente à l’enseignement de la philosophie : il faut que les candidats prennent conscience que la pensée philosophique procède par couples de concepts, et qu’ils doivent eux-mêmes s’habituer à manier les concepts deux par deux, en passant de l’un à l’autre ou en les opposant l’un à l’autre.
Cet ajout est significatif car il explicite une idée sous-jacente à l’enseignement de la philosophie : il faut que les candidats prennent conscience que la pensée philosophique procède par couples de concepts, et qu’ils doivent eux-mêmes s’habituer à manier les concepts deux par deux, en passant de l’un à l’autre ou en les opposant l’un à l’autre.
En ce sens, deux conseils peuvent s’avérer utiles :
que les candidats disposent d’un répertoire de concepts dans lequel ils donnent pour chacun d’eux sa définition ainsi que son corrélatif. Par exemple, après avoir défini « absolu », ils indiquent son corrélatif « relatif » ;
qu’ils en profitent pour faire figurer dans leur répertoire tous les termes techniques rencontrés pendant l’année, même s’il ne s’agit pas de concepts qui marchent par couples.
que les candidats disposent d’un répertoire de concepts dans lequel ils donnent pour chacun d’eux sa définition ainsi que son corrélatif. Par exemple, après avoir défini « absolu », ils indiquent son corrélatif « relatif » ;
qu’ils en profitent pour faire figurer dans leur répertoire tous les termes techniques rencontrés pendant l’année, même s’il ne s’agit pas de concepts qui marchent par couples.
Dans le même ordre d’idées, les candidats ont tout intérêt à s’exercer au maniement des concepts en les prenant deux à deux. Opposer ainsi une idée à une
autre leur permet de comprendre que la pensée s’affirme en s’opposant : « Penser, c’est dire non » dit le philosophe Alain. Il entend par là qu’il est nécessaire
de soumettre tout ce que l’on croit, ce que l’on voit, ce que l’on pense à l’examen critique de la pensée philosophique. Alain veut indiquer aussi que dire non à telle ou telle affirmation, telle
ou telle thèse est la manière la plus simple de commencer à penser.
Cela ne veut pas dire que le travail philosophique consiste uniquement à manier des concepts de façon négative. Une fois que les candidats se sont initiés à la pensée
en apprenant à opposer les idées les unes aux autres, ils doivent encore donner un contenu aux thèses qu’ils rencontrent dans leur réflexion.
Pour cela il leur est conseillé, une fois qu’une notion a été abordée en classe avec leur enseignant, de la résumer sur une fiche :
recopier le plan du cours avec les idées principales qui correspondent à chaque partie,
choisir une citation que l’on associe à chacune de ces idées principales.
Ce travail est très important car il rend la révision beaucoup plus facile et force les candidats à avoir des références.
recopier le plan du cours avec les idées principales qui correspondent à chaque partie,
choisir une citation que l’on associe à chacune de ces idées principales.
Ce travail est très important car il rend la révision beaucoup plus facile et force les candidats à avoir des références.
A ce propos on rappelle que l’usage des citations dans une dissertation obéit à un principe simple : une citation, qu’elle annonce ou illustre un argument, doit
être expliquée. Sinon elle est inutile, sans valeur et au pire elle agace le correcteur.
Philo : la dissertation en question !
La dissertation est un enchaînement serré d’arguments où tout se tient d’un bout à l’autre, depuis l’introduction jusqu’à la conclusion.
À ce modèle formel, la philosophie ajoute l’idée que l’ensemble doit répondre à un problème de nature philosophique. D’où la question suivante, à la fois philosophique et méthodologique : qu’est-ce qu’un problème philosophique ? Mise au point...
À ce modèle formel, la philosophie ajoute l’idée que l’ensemble doit répondre à un problème de nature philosophique. D’où la question suivante, à la fois philosophique et méthodologique : qu’est-ce qu’un problème philosophique ? Mise au point...
Par Marc Ballanfat
Des questions, des problèmes...
Il est possible de confondre, en apparence, une simple question et un problème. Il convient de les distinguer pour deux raisons. En premier lieu, on pose une question pour obtenir une réponse, du moins est-ce ainsi en général, tandis que l’on pose un problème afin d’essayer de le résoudre. Voilà pourquoi on ne répond pas à un problème, de même qu’inversement on ne résout pas une question.
Il est possible de confondre, en apparence, une simple question et un problème. Il convient de les distinguer pour deux raisons. En premier lieu, on pose une question pour obtenir une réponse, du moins est-ce ainsi en général, tandis que l’on pose un problème afin d’essayer de le résoudre. Voilà pourquoi on ne répond pas à un problème, de même qu’inversement on ne résout pas une question.
En second lieu, il se trouve qu’une question posée recouvre le plus souvent un problème différent, que la réflexion a pour tâche d’élaborer en vue de remplacer
l’interrogation initiale. En ce sens, la moindre question soulève un ou plusieurs problèmes, inapparents, auxquels s’intéresse justement celui qui ne se contente pas de répondre à la question
posée.
Que l’être humain se pose des problèmes et pas uniquement des questions, voilà ce qu’exprime l’étonnement philosophique. Tel le problème qui sert de fondement, selon
Heidegger, à l’interrogation métaphysique : “ Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? ”. Il ne s’agit pas ici de répondre à la question, mais de s’engager dans une méditation
sur l’existence et le néant.
Il convient donc, dans un premier temps, de partir de la question initiale pour comprendre le problème qu’elle soulève.
Il convient donc, dans un premier temps, de partir de la question initiale pour comprendre le problème qu’elle soulève.
Mise en situation et analyse de la situation
Trouver une situation qui “ colle ” parfaitement à la question ne suffit pas à déterminer la nature du problème. Encore faut-il l’analyser en s’interrogeant. Quels sont les éléments que comporte cette situation ? Comment se situent-ils les uns à l’égard des autres ?
Trouver une situation qui “ colle ” parfaitement à la question ne suffit pas à déterminer la nature du problème. Encore faut-il l’analyser en s’interrogeant. Quels sont les éléments que comporte cette situation ? Comment se situent-ils les uns à l’égard des autres ?
Vous devez ensuite poursuivre cette analyse jusqu’au moment où toute sa complexité est mise en évidence. En vérité, plus on pousse loin l’analyse, plus on prend
conscience des difficultés insoupçonnées qu’elle révèle. L’objectif : formuler un problème tenant compte de tous les éléments mis en relation par l’analyse.
La position du problème
Poser un problème revient d’une façon ou d’une autre à se demander pourquoi et comment on arrive, à partir de tels ou tels éléments, à se poser telle ou telle question. Il existe divers problèmes, et non un problème unique, selon la manière que l’on a de rapporter les éléments de la situation. On appelle “ juger ”, l’acte par lequel on relie entre eux les moments de l’analyse pour formuler le problème.
Cela signifie qu’aucune méthode de dissertation ne peut se dispenser de parler du bon usage du jugement. Il faut bien faire appel à sa faculté de juger pour établir qu’il existe tel ou tel problème en fonction des résultats fournis par l’analyse.
Poser un problème revient d’une façon ou d’une autre à se demander pourquoi et comment on arrive, à partir de tels ou tels éléments, à se poser telle ou telle question. Il existe divers problèmes, et non un problème unique, selon la manière que l’on a de rapporter les éléments de la situation. On appelle “ juger ”, l’acte par lequel on relie entre eux les moments de l’analyse pour formuler le problème.
Cela signifie qu’aucune méthode de dissertation ne peut se dispenser de parler du bon usage du jugement. Il faut bien faire appel à sa faculté de juger pour établir qu’il existe tel ou tel problème en fonction des résultats fournis par l’analyse.
Poser un problème revient, également, à se demander pourquoi c’est telle ou telle question qui se pose dans telle ou telle situation. Si l’on demande, par exemple, “
Peut-on définir l’homme ? ”, il convient de rechercher pourquoi cette question précise, et pas une autre, se pose dans certaines situations et pas n’importe lesquelles. Que ces situations
soient à leur tour hautement problématiques (étude scientifique, différence d’avec l’animal, nature humaine) suffit déjà à montrer que c’est bien l’homme qui est problématique pour lui-même.
On peut estimer que la meilleure façon de poser le problème dépend de l’analyse de la question initiale.
On peut estimer que la meilleure façon de poser le problème dépend de l’analyse de la question initiale.
Élaborez un plan
Le principe cardinal de tout plan est la progressivité : aller du simple au complexe, du sens commun à la réflexion philosophique (à supposer que le sens commun soit simple), afin d’exposer la solution choisie par rapport au problème.
Le principe cardinal de tout plan est la progressivité : aller du simple au complexe, du sens commun à la réflexion philosophique (à supposer que le sens commun soit simple), afin d’exposer la solution choisie par rapport au problème.
Trois parties se dégagent naturellement de ce type de plan. La première examine les arguments du sensus communis, en apportant une solution, claire et compréhensible,
au problème posé. Mais ce n’est pas suffisant : l’esprit ne se contente pas de penser avec les autres, bien que cette étape reste essentielle, encore doit-il penser contre les autres. Ainsi,
justifie-t-on la seconde partie de nature “ dialectique ”, au sens hégélien du mot, dont le but est de formuler des objections à l’encontre de l’argumentation largement acceptée par le sens
commun.
Vient enfin, dans la dernière partie, l’effort pour penser par soi-même, qui se manifeste avant tout par la volonté de dépasser l’opposition stérile entre deux positions ou deux attitudes. Vous pouvez y énoncer une troisième position, quitte à vous réconcilier avec certaines idées critiquées auparavant, ou inversement, à justifier une partie des critiques énoncées.
Vient enfin, dans la dernière partie, l’effort pour penser par soi-même, qui se manifeste avant tout par la volonté de dépasser l’opposition stérile entre deux positions ou deux attitudes. Vous pouvez y énoncer une troisième position, quitte à vous réconcilier avec certaines idées critiquées auparavant, ou inversement, à justifier une partie des critiques énoncées.
Il faut garder à l’esprit que le plan éclaire la position du problème au sens où il indique une solution envisagée face aux difficultés soulevées par le problème.
L’essentiel est donc la lisibilité de la réflexion personnelle, sa logique, sa cohérence, ses objections possibles, son ouverture à des questionnements différents, et enfin, son humilité, face à
l’infinie complexité d’un problème.
Les types de plan
Bien qu’il n’existe aucune formule toute faite susceptible de vous guider dans la composition du plan, l’énoncé par soi-même peut indiquer une voie à suivre, en particulier dans deux cas.
Bien qu’il n’existe aucune formule toute faite susceptible de vous guider dans la composition du plan, l’énoncé par soi-même peut indiquer une voie à suivre, en particulier dans deux cas.
Lorsque la formule “ peut-on ” ou une variante sont utilisées, il est possible de concevoir le plan ainsi : la première et la dernière parties consistent à
expliciter les deux significations de la formule à savoir la capacité physique, la faculté, puis la permission, le droit de... Il ne vous reste plus qu’à introduire dans la seconde partie le
moment “ dialectique ” où vous formulerez des objections à la partie précédente. On a donc le schéma suivant :
Partie I : “ Il est possible de... ”
Partie II : “ Or... ” (objections et critiques)
Partie III : “ Donc, il est permis de... ”
Partie I : “ Il est possible de... ”
Partie II : “ Or... ” (objections et critiques)
Partie III : “ Donc, il est permis de... ”
Un principe analogue vaut quand l’énoncé “ faut-il ” ou une de ses variantes remplacent le premier, en utilisant les deux sens possibles de la formule. Dans ce cas,
on propose le plan suivant :
Partie I : “ Il est nécessaire de... ”
Partie II : “ Or... ” (objections)
Partie III : “ Donc, on a le devoir moral de... ”
Partie I : “ Il est nécessaire de... ”
Partie II : “ Or... ” (objections)
Partie III : “ Donc, on a le devoir moral de... ”
Bac Philo : la rédaction d’une dissertation
Un soin particulier, faut-il le rappeler, doit être apporté à la rédaction de la dissertation.
Outre une bonne orthographe, celle-ci doit comporter une certaine recherche dans le style adopté (un devoir sur la passion ne peut pas s’écrire comme une réflexion
sur la science, par exemple), une fluidité d’écriture, une dramatisation occasionnelle dans le ton (lorsqu’un passage s’y prête particulièrement) ainsi qu’un souci d’équilibrer les parties et, à
l’intérieur de chacune, les paragraphes.
Rappel :
Une partie se divise théoriquement en trois paragraphes égaux (plus ou moins), suivis d’un très court paragraphe de transition (de préférence sous forme de
question).
Le paragraphe, quant à lui, s’ouvre par une phrase exposant l’idée principale qui va y être exprimée (de longueur indéterminée).
Puis vient la phrase explicative (avec le traditionnel « en effet ») qui présente les raisons justifiant l’idée développée.
Puis vient la phrase explicative (avec le traditionnel « en effet ») qui présente les raisons justifiant l’idée développée.
Suivent la ou les phrases jugées nécessaires à l’explicitation de l’idée principale avant l’illustration par l’exemple (qui peut prendre une ou plusieurs
phrases).
Le choix de l’exemple approprié, on ne le répète jamais assez, donne une force considérable aux arguments déjà exposés.
Enfin, fermant le paragraphe, la phrase récapitulative qui, par une formule bien frappée, s’imprime dans l’esprit du lecteur.
Bac Philo : la conclusion
On rappelle ce que l’on pense avoir démontré dans le cadre de la problématique et comment on juge l’avoir conduite, ce qui permet d’une part de montrer :
que l’on a conscience des difficultés rencontrées,
qu’il reste des pans entiers du problème à approfondir.
que l’on a conscience des difficultés rencontrées,
qu’il reste des pans entiers du problème à approfondir.
On est ainsi amené à terminer le devoir en l’ouvrant, comme de coutume, sur l’une des interrogations qu’il suscite ou qu’il est en droit de susciter
Bac Philo : l’argumentation du texte
La mise en évidence du problème jette sur le texte la première lumière, celle dont dépend toute la suite de l’étude. Puisque la réflexion philosophique part ou
aboutit à un problème, l’étude ordonnée doit procéder à partir de lui.
Vient ensuite l’examen de l’argumentation. Il a pour but essentiel de révéler les raisons qui font que c’est tel argument, et pas un autre, que l’auteur emploie à tel
moment de son raisonnement.
Rendre raison de tout ce qui est pensé dans le texte, tel est l’idéal d’une explication parfaite.
Rendre raison de tout ce qui est pensé dans le texte, tel est l’idéal d’une explication parfaite.
Bien que nul ne puisse prétendre l’atteindre, chacun reconnaît que cet horizon demeure ce qui donne sens à l’étude, ce qui l’oriente et la justifie. Mais pour cela,
encore faut-il prêter attention à la lettre comme à l’esprit. Du début jusqu’à la fin, de la première à la dernière ligne, le lecteur doit soupeser chaque mot pour s’assurer de sa signification,
il l’analyse, le replace dans l’énoncé, lui restitue sa charge rationnelle.
Rien n’est laissé au hasard de cette façon, au contraire, on capte le sens enfermé à l’intérieur des concepts pour l’exposer, le développer, le « déplier »
(sens littéral de explicare, en latin).
De sorte que l’argumentation mise à plat, offerte au regard de l’esprit, tout le texte se déroule d’un bout à l’autre comme un rouleau de tissu offert à la convoitise des yeux. Il n’a plus de secrets pour le lecteur, tout est devenu clair, tout s’enchaîne. La pensée de l’auteur est devenue lisible au lecteur, qui sait maintenant ce qui se dit dans le texte, pourquoi cela se dit ainsi et pas autrement.
Expliquer l’argumentation, c’est donc restituer la nécessité intérieure avec laquelle elle a jailli d’une pensée humaine pour prendre corps dans des concepts.
De sorte que l’argumentation mise à plat, offerte au regard de l’esprit, tout le texte se déroule d’un bout à l’autre comme un rouleau de tissu offert à la convoitise des yeux. Il n’a plus de secrets pour le lecteur, tout est devenu clair, tout s’enchaîne. La pensée de l’auteur est devenue lisible au lecteur, qui sait maintenant ce qui se dit dans le texte, pourquoi cela se dit ainsi et pas autrement.
Expliquer l’argumentation, c’est donc restituer la nécessité intérieure avec laquelle elle a jailli d’une pensée humaine pour prendre corps dans des concepts.
Chemin faisant, on s’attachera à suivre le mouvement du texte, à savoir son découpage en parties, et l’articulation visible entre ces moments.
Cette attention au « pliage » du texte est la preuve que le lecteur ne prend pas la pensée pour un bloc monolithique, mais pour un parcours jalonné de pauses, de raccourcis, de démarrages imprévus, bref qu’il suit une pensée en train de se faire, non une pensée toute faite (pour reprendre une distinction chère à Bergson).
C’est cette temporalité du texte que le mouvement manifeste en donnant à voir les transitions, les passages d’une idée à une autre, les conclusions provisoires. Un texte revit sous les yeux de son lecteur quand il retrouve sa musique, son tempo, sa durée (encore un emprunt à Bergson).
Cette attention au « pliage » du texte est la preuve que le lecteur ne prend pas la pensée pour un bloc monolithique, mais pour un parcours jalonné de pauses, de raccourcis, de démarrages imprévus, bref qu’il suit une pensée en train de se faire, non une pensée toute faite (pour reprendre une distinction chère à Bergson).
C’est cette temporalité du texte que le mouvement manifeste en donnant à voir les transitions, les passages d’une idée à une autre, les conclusions provisoires. Un texte revit sous les yeux de son lecteur quand il retrouve sa musique, son tempo, sa durée (encore un emprunt à Bergson).