Evénement historique: à quoi le reconnait-on?

Publié le par lenuki

 

marche sur la lune

 

1.     Analyse des termes de la question 


+ Historique : est historique à la fois ce qui appartient à l’Histoire (au sens du cours des événements historiques) et ce qui est digne d’être étudié par l’historien (cf.la science historique). Ainsi, Alexandre est un personnage historique, au même titre que Archimède, alors que victoires et défaites d’un peuple en guerre sont des événements historiques.


Historique renvoie à historicité, qui est :


-          Le caractère des êtres humains dont la temporalité (situation dans le temps, comme conscience du passé et anticipation de l’avenir) est une dimension constitutive (cf. Bergson ou Heidegger par exemple).


-          Le caractère de ce qui a réellement eu lieu


+ Evénement : du latin eventus : résultat, événement, de evenire qui signifie arriver.


-          Sens ordinaire : tout ce qui arrive et possède un caractère peu commun, voire exceptionnel pour un individu ou un groupe


-          Sens historique : tout fait notable, c’est-à-dire méritant d’être relaté par les historiens (cf. le sacre d’un roi ou l’invention de l’imprimerie)


Cela suppose un fait ponctuel entrant dans une chronologie et pouvant faire l’objet d’un récit. Un événement est dit historique, et retenu comme tel par les sciences historiques, s’il modifie le cours de l’Histoire, c’est-à-dire s’il obéit à deux critères fondamentaux, la nouveauté et l’importance pour un groupe social ou un peuple.

Ce qui veut dire que tous les faits (données de l’expérience) ne sont pas des événements : seuls sont tenus pour tels ceux qui « font date », quelle qu’en soit la raison. On peut ainsi se demander si les phénomènes naturels sont des événements dans la mesure où ils sont prévisibles (ou, du moins, déterminés) et susceptibles de se reproduire ou d’être reproduits en laboratoire.



+ Citation :  

« Qu’est-ce qu’un événement ? Est-ce un fait quelconque ? Non pas ; c’est un fait notable. Or comment l’historien juge-t-il qu’un fait est notable ou non ? Il en juge arbitrairement…car les faits ne se divisent pas, de leur propre nature, en faits historiques et en faits non historiques. »

                                                                               Anatole France Le Jardin d’Epicure

 

mitterand-kohl à Verdun                                       Mitterand et Kohl se donnant la main à Verdun

 


2.     Problématisation de la question :

S’il est des faits qui sont immédiatement identifiés comme des événements historiques, parce qu’ils entrent en rupture avec la connaissance que nous avons du passé et s’avèrent fondamentalement et raisonnablement uniques et originaux (coupe du monde de 98, par exemple), est-ce bien le cas de tous les faits ? Ainsi, qui aurait pu voir dans l’« appel du 18 juin » un événement historique, sinon quelques hommes, en vertu de la foi qu’ils avaient et de l’anticipation raisonnable qu’elle leur prodiguait des événements à venir ? Aussi peut-on se demander légitimement : « A quoi reconnait-on qu’un événement est historique ? » Si l’Histoire contient la totalité des événements du passé, tout événement, quel qu’il soit, est historique, dès lors qu’il s’est effectivement déroulé. Mais est-ce à dire, pour autant, que tout fait qui s’est produit dans l’Histoire est digne d’être considéré ou reconnu comme événement historique (cf. mon premier amour) ? L’historien ne juge-t-il pas de l’importance d’un événement aux conséquences sociales ou politiques qui sont les siennes ? En ce sens, la reconnaissance d’un événement historique ne nécessite-t-elle pas, le plus souvent, une distance temporelle, un recul critique, voire une connaissance préalable du passé dans lequel il s’inscrit, sans quoi il ne pourrait apparaître comme étant en rupture ? N’est-ce pas, alors, l’historien qui confère arbitrairement à l’événement une dimension historique, en le considérant comme cause ou comme point de départ d’un changement important ?

 


3.     Proposition de plan

A)     Qu’appelle-t-on un événement historique ?

-          Un événement qui entraîne un profond et durable bouleversement social (cf. Mai 68)

-          Un événement qui résume ou symbolise un tel bouleversement (cf. prise de la Bastille)

B)     Mais l’Histoire n’est pas simple succession d’événements

-          Les grands de ce monde ne sont pas les seuls acteurs de l’Histoire

-          L’histoire dite « événementielle » néglige les mœurs, les idées, la culture en général (sciences et techniques, arts, etc.)

C)      L’événement historique n’est-il pas, alors, une construction de l’historien ?

-          Les faits ne se divisent pas d’eux-mêmes en historiques et non historiques

-          C’est donc l’historien qui, en privilégiant tel événement, lui donne une dimension historique.

 

Evenement-historique

Publié dans la culture

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