Livre V Sur la Justice Aristote (Commentaire ch 9)

Publié le par lenuki

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Le chapitre 9 répond à la question de savoir quel est le juste milieu défini par la justice, puisque toute vertu est un milieu entre deux extrêmes qui sont des vices. Or la justice apparaît comme un cas très spécial dans cette définition de la moyenne. En effet, les autres vertus se situent entre deux vices opposés (cf. courage situé entre témérité et lâcheté). La vertu apparaît alors comme un art de bien viser, et ceci d’autant plus que la plupart des gens sont plus portés à la lâcheté qu’à la témérité. Il leur faut viser alors non pas le milieu, mais un peu plus vers la témérité que vers la lâcheté et ainsi, à force d’erreurs et de corrections, se rapprocher au maximum de l’objectif de perfection que constitue la vertu. La lâcheté apparaît alors comme un vice par défaut et la témérité un vice par excès. Mais dans le cas de la justice, au contraire, les deux défauts opposés s’appellent l’injustice. Mais l’un est injustice que l’on subit, l’autre est injustice que l’on commet. La justice consiste en effet dans l’égalité entre ce qu’on donne et ce qu’on doit, ou ce qu’on reçoit et ce qui vous est dû. Or l’inégal peut être supérieur ou inférieur. Si on reçoit plus que ce qui vous est dû ou qu’on donne moins, on commet l’injustice, si on reçoit moins ou qu’on donne plus, on la subit. Cela donnerait à penser que seule l’injustice commise est un vice, non l’injustice subie, et que la justice, contrairement aux autres vertus, n’est pas un milieu entre deux vices. En effet, celui qui subit l’injustice ne lèse personne et en ce sens il est moralement permis de renoncer à défendre ses droits, comme Socrate acceptant de subir une peine de mort qu’il ne méritait pas. Toutefois on peut douter que l’exemple de Socrate puisse être toujours et dans tous les cas suivi sans inconvénient et penser que c’est un acte de civisme de dénoncer l’injustice dont on est victime. Sans quoi, en effet, les personnes malhonnêtes, constatant qu’elles peuvent poursuivre leurs méfaits impunément, deviennent de plus en plus audacieuses au point de mettre en péril l'existence même de la légalité. En ce sens, si on pouvait reprocher à Aristote de confondre le public et le privé, il paraît nécessaire ici de les rapprocher, car l’Etat de droit ne se maintient que par la volonté des citoyens de ne pas laisser l’injustice impunie.

 

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Publié dans textes oral

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